Louis BOULANGER (1806-1867)
La mort d’Ophélie, vers 1844
Huile sur toile
32,5 x 16 cm
Signé du monogramme LB en bas à droite
Vendu
Louis Boulanger, que Victor Hugo appelait «mon peintre», est l’une des figures incontournables du mouvement romantique. Peintre, illustrateur, décorateur, passionné de théâtre et de musique, il nous a laissé des images qui sont aujourd’hui indissociables de la vision que nous conservons de la scène parisienne dans la première moitié du XIXe siècle. Dès 1827, il participe avec Achille Devéria aux illustrations d’un recueil intitulé Souvenirs du théâtre anglais, directement inspiré des pièces de Shakespeare. Toute la génération romantique, écrivains, peintres et compositeurs, se fascine alors pour ces drames passionnels à l’anglaise. Berlioz, en 1829, assista à des représentations de Hamlet au théâtre de l’Odéon à Paris. L’actrice anglaise Harriet Smithson, qui interprétait alors le rôle d’Ophélie, ne le laissa pas indifférent : il finit par l’épouser. Cette passion lui inspira sa célèbre Symphonie fantastique et Tristia, un triptyque inspiré de Hamlet. La mort d’Ophélie est la deuxième partie de Tristia. Composée entre 1844 et 1848, l’œuvre s’appuie sur un poème d’Ernest Legouvé, lui-même tiré de la fin de l’acte IV de Hamlet.
« … Quelques instants sa robe enflée / La tint encore sur le courant / Et, comme une voile gonflée, / Elle flottait toujours chantant, / Chantant quelque vieille ballade, / Chantant ainsi qu’une naïade / Née au milieu de ce torrent. Mais cette étrange mélodie / Passa, rapide comme un son. / Par les flots la robe alourdie / Bientôt dans l’abîme profond / Entraîna la pauvre insensée, / Laissant à peine commencée / Sa mélodieuse chanson.»
Ernest Legouvé
Dans cette peinture, Louis Boulanger fait le choix d’une composition originale pour s’emparer du sujet. La scène se déploie en éclair, de haut en bas, comme pour suivre la versification de Legouvé et la partition de Berlioz. Dans le chapitre supérieur, la belle est encore allongée sous le saule et va basculer dans le torrent. Au centre, des divinités aquatiques chantant et jouant de différents instruments évoquent l’aspect mélodique du poème et accompagnent, plus bas, le corps sans vie d’Ophélie étendu sur les eaux. Cette composition en chute n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle d’une autre œuvre du peintre : La Ronde du Sabbat.