L’Égide, vers 1868
Étude pour Minerve combattant la force brutale devant l’Olympe réuni
Pierre noire et craie blanche
36,5 x 26,5 cm
Cachet Atelier Pils au revers
Don à la bibliothèque musée de l’Opéra de Paris
À l’âge de douze ans, le jeune Isidore Pils entre dans l’atelier du peintre Guillon-Lethière, où il reste pendant quatre années. En 1838, il remporte le Grand Prix de Rome qui lui ouvre les portes de la villa Médicis. C’est Ingres, alors directeur des lieux, qui le reçoit à son arrivée. De santé fragile, tuberculeux, il doit quitter la Villa pour partir en convalescence à Ischia durant l’été 1839. Pendant son séjour en Italie, il visite Naples, Venise et Florence. De retour en France, Pils connaît le succès dû à son talent, reçoit de nombreuses commandes officielles et est choisi par Charles Garnier pour décorer avec Baudry, Delaunay et Lenepveu, le nouvel Opéra de Paris. En charge des peintures du grand escalier, le peintre doit garnir les quatre immenses voussures de compositions allégoriques. Au nord, Le Triomphe d’Apollon, au sud Le Charme de la musique, à l’ouest La ville de Paris recevant les plans du nouvel opéra, et enfin à l’est Minerve combattant la force brutale devant l’Olympe réuni.
Cette dernière scène allégorique, composée de dix-huit figures, montre une divinité ailée, drapée de jaune, couronnant Minerve. La déesse personnifie l’intelligence luttant contre la force matérielle. Vêtue d’une armure recouverte d’écailles dorées, elle tend de la main droite une branche d’olivier et se protège de la main gauche avec l’Égide. Ce bouclier mythique, symbole de l’invulnérabilité des dieux, est représenté dans notre dessin tenu par la main de la déesse. Réalisé à la pierre et à la craie blanche sur papier bleu, ce dessin est une étude pour une première composition non retenue dans le projet définitif. A l’origine placée à gauche de la voussure, la déesse tenait le bouclier dirigé vers l’intérieur comme dans notre dessin. Finalement placée sur la droite, Minerve montrera la face de l’Égide au spectateur. Le peintre, décédé en septembre 1875, ne put venir à bout de la réalisation du plafond du grand escalier, et c’est Georges Clairin, son élève, qui dut la terminer.