Hippolyte FLANDRIN (1809-1864)
Pietà, vers 1842
Pierre noire sur papier
25 x 37 cm
Cachet de la signature en bas à gauche
Provenance: Fonds familial de l’artiste
Hippolyte Flandrin est l’un des principaux peintres religieux du XIXe siècle. D’origine lyonnaise, il apprend très tôt à dessiner avec son frère aîné Auguste, avant d’entrer à l’École des Beaux-Arts de Lyon. En 1829, il décide de se rendre à Paris avec son frère cadet Paul, pour étudier dans l’atelier du peintre Louis Hersent, mais décide finalement d’entrer dans l’atelier de son futur maître, Ingres. Il remporte en 1832 le Grand Prix de Rome et part l’année suivante à la villa Médicis. De retour à Paris en 1839, il se consacre principalement à la peinture religieuse. Son talent, remarqué par tous, lui vaudra de nombreuses et importantes commandes de l’État pour des édifices religieux, tels que Saint-Séverin et Saint-Vincent-de-Paul à Paris, Saint-Paul à Nîmes ou encore Saint-Martin-d’Ainay à Lyon. Les quatre commandes successives pour l’église Saint-Germain-des-Prés, qui débutent en 1842, seront sa plus importante réalisation religieuse.
Cette même année, Auguste, le frère aîné du peintre, décède à Lyon. L’amour entre les trois frères est tel qu’Hippolyte se remet difficilement de cette perte immense. OEuvre hommage, La Pietà, évoque sans surcharge la douleur de la mère sur le corps du fils tant aimé. Ce corps nu, sans attributs, est étendu sur le sol, au pied d’une croix tout juste évoquée. La figure de la mère sans visage se détache à peine du fond sombre de la toile. Rares sont les oeuvres du maître qui dégagent une telle intensité dramatique. Notre dessin montre les nombreuses hésitations du peintre pour définir le nombre et la disposition des personnages. Dans la partie gauche de la feuille, délimitée par un cadre noir, la composition met en place quatre figures : la mère, qui soutient la dépouille de son fils par les épaules, y est accompagnée par deux ombres aux pieds du Christ mort. Sur la partie droite hors cadre, mère et fils sont isolés, sans visages. L’aspect inachevé de l’oeuvre définitive lui confère une portée symbolique où thématique chrétienne et douleur laïque se confondent.