Jean-Baptiste BERLOT (1775-1836)
Prière à la Madone, c.1832
Huile sur toile
32 x 24 cm
Dédicacé en bas à gauche au Docteur Vaume
Vendu
Élève d’Hubert Robert autant que musicien, Jean-Baptiste Berlot assimile parfaitement l’enseignement de son maître, notamment son goût pour les vues d’architectures réelles ou imaginaires. Dès 1804 et jusqu’en 1836, il expose régulièrement au Salon. Fasciné par l’Italie, il y fait de fréquents séjours où il puise son inspiration pour de nombreuses toiles ; il s’intéresse tout particulièrement aux ruines romaines mêlées de scènes pittoresques.
Si dès 1820 il renouvelle son vocabulaire architectural, en substituant parfois aux édifices antiques des monuments médiévaux, il conserve son goût pour les scènes anecdotiques, notamment les personnages en prière. Il s’inscrit ainsi dans la mouvance du style « troubadour » au début du XIXème siècle, comme d’autres artistes tels que Charles Marie Bouton ou François Marius Granet.
Notre tableau fait pendant avec Femmes à la fontaine réalisé en 1832, de format identique et de composition proche. Ce dernier figure une ruine antique, les vestiges d’une arcade ainsi qu’une fontaine où s’affairent deux jeunes femmes. La scène se détache sur un arrière-plan de paysage italien, sans doute toscan, où les collines sont rendues dans un ciel rougeoyant. Cette vision d’une Italie idéalisée constitue une grande partie de sa production picturale.
Dans une église gothique à demi en ruine, on peut voir deux jeunes femmes au premier plan. L’une d’elle est agenouillée, priant devant une statue de Vierge à l’enfant ; la seconde semble simplement déambuler dans une robe Empire. Si la première est vêtue d’un costume intemporel, et entourée d’éléments pouvant dater de la création de l’église, tel une stèle et un sarcophage (portant une dédicace au docteur Vaume), l’autre jeune femme en revanche, tournée vers le fond du tableau, semble diriger notre regard vers un espace plus contemporain à la réalisation de l’œuvre.
La scène, dépouillée de surcharge décorative, est rendue avec une palette lumineuse et précise, qui caractérise l’œuvre de Jean-Baptiste Berlot. Cette atmosphère sobre et silencieuse, où domine le sentiment religieux, correspond au contexte politique français des années 1830, c’est-à-dire le début de la monarchie de Juillet et le renouveau du culte catholique déjà initié sous la Restauration. Mais l’espace accordé par l’artiste à la représentation de l’édifice, comparé à celui du sujet principal, montre avant tout le talent de Jean-Baptiste Berlot comme « peintre d’architecture ».
Le petit format de la toile, s’il est récurrent dans la production de l’artiste, se prête également très bien à la décoration des intérieurs bourgeois. Ici le docteur Vaume, à qui la toile est dédicacée, est un chercheur et spécialiste dans la guérison de la syphilis. On retrouve par ailleurs l’association des noms Berlot et Vaume dès 1811 dans l’est de la France et en Suisse. On peut donc supposer qu’il s’agit d’une œuvre intime, un présent réalisé pour quelqu’un appartenant à la sphère familiale de l’artiste.
D.D & Mariolina Cilurzo