Femmes à la fontaine, 1832
Huile sur toile
32 x 24 cm
Signé et daté en bas à droite
Vendu
Élève d’Hubert Robert autant que musicien, Jean-Baptiste Berlot assimile parfaitement l’enseignement de son maître, notamment son goût pour les vues d’architectures réelles ou imaginaires. Dès 1804 et jusqu’en 1836, il expose régulièrement au Salon. Comme la plupart des artistes du XIXème siècle, il se rend en Italie de manière indépendante afin d’étudier les vestiges du monde antique et les grands maîtres de la Renaissance. Fasciné par ce pays, il y fait de fréquents séjours tout au long de sa carrière : il s’intéresse non seulement aux ruines romaines, mais aussi à la vie rurale et aux paysages de la campagne italienne.
Cet attrait n’aura de cesse d’alimenter la production artistique de Jean-Baptiste Berlot. Notre tableau fait pendant avec Prière à la Madone, de format identique et de composition proche, dédicacé au docteur Vaume. Si ce dernier montre un renouvellement de son vocabulaire architectural, car il figure deux jeunes femmes dans une église gothique – l’une en prière devant une Vierge à l’enfant, la seconde déambulant dans une robe Empire – Femmes à la fontaine reste fidèle à sa première inspiration.
La cohésion entre les deux toiles est évidente dans l’intérêt de l’artiste pour les scènes pittoresques. Le tableau représente deux jeunes femmes s’affairant au bord d’une fontaine, le dos tourné, l’une d’elle s’éloignant déjà pour emporter l’eau recueillie, tandis que l’autre s’apprête à la suivre. Cette scène anecdotique se détache sur la figuration de ruines antiques, les vestiges d’une arcade où la végétation s’est déployée et la fontaine elle-même surmontée d’une fresque représentant Sainte Félicité. Derrière l’édifice, on découvre un paysage italien, où les collines sont rendues dans un ciel rougeoyant de crépuscule.
Mais la scène, sans doute imaginaire plutôt que vécue, est prétexte à offrir un beau morceau d’architecture antique. Sa science de la composition, ainsi que la maîtrise subtile des jeux de lumière, rappellent sa formation dans l’atelier d’Hubert Robert et ses qualités de peintre d’architecture. La ruine antique comme répertoire de motifs et source d’inspiration persiste chez les artistes du XIXème, puisqu’elle permet de se rattacher à la tradition académique notamment aux principes du paysage historique et qu’elle présente un fort intérêt décoratif.
Jean-Baptiste Berlot, s’il s’attarde moins précisément sur les figures, choisit d’apporter un grand soin à la création d’une atmosphère poétique, presque intemporelle. Le tableau a probablement été réalisé pour orner l’intérieur d’une personne de son entourage : le docteur Vaume, à qui la toile associée est dédiée, est un chercheur et spécialiste dans la guérison de la syphilis. L’association des noms Berlot-Vaume a par ailleurs été retrouvée dès 1811 dans l’est de la France et en Suisse ; on peut donc supposer qu’il s’agit d’une œuvre destinée à un membre de la sphère intime de l’artiste.
D.D & Mariolina Cilurzo