Victor Jean NICOLLE (1754-1826)

Vue de l’église du Carmel de la place Maubert, vers 1800
Encre et aquarelle sur papier
17 x 23,8 cm
Annoté au revers Vue de l’Eglise des Carmes située place Maubert / à Paris ; prise du côté Méridional du cloitre. / V.J. Nicolle Pinxit

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Victor Jean Nicolle débute sa formation auprès de Nicolas Malhortie à l’École royale gratuite de dessin de Paris. Après avoir reçu un grand prix de perspective en 1771, il entre dans l’atelier de Louis François Petit-Radel, architecte et dessinateur qui lui fait découvrir l’art de Piranèse. Le jeune artiste développe au cours de ses études un intérêt particulier pour la représentation des architectures et des ruines classiques qui guide ses pas vers l’Italie à deux reprises : de 1787 à 1798 puis de 1806 à 1811. De l’autre côté des Alpes, il réalise de nombreuses vues de Rome et de Naples avant d’acquérir une certaine renommée sous le nom italianisé de Nicolli. En 1810, Napoléon commande à Nicolle une série de cinquante aquarelles reproduisant les principaux monuments parisiens, qu’il souhaite offrir à l’impératrice Marie-Louise en guise de cadeau de noce. L’artiste représente ainsi avec minutie le Panthéon, le Châtelet, la Seine vue du Louvre, le Collège de France, le Palais-Royal, la place des Victoires, le Louvre ou encore l’île de la Cité. 

Un dessin représentant une vue du cloître des Carmélites à Paris témoigne d’un regard plus intimiste de Nicolle sur la capitale. Au premier plan, trois arcades trilobées et supportées par des piliers gothiques s’ouvrent frontalement sur l’espace d’une vaste cour. L’église du cloître surmontée de sa petite flèche ferme la perspective. Dans l’espace dédié au jardin, des rondins de bois ont été empilés et trois personnages conversent. Parmi la diversité de vues qu’offre la capitale, Nicolle semble avoir manifesté un intérêt particulier pour ce couvent des Carmes de la place Maubert qu’il dessine à de nombreuses reprises. Il est possible que l’attachement du dessinateur pour ce lieu soit lié à une parenté avec le supérieur du couvent, Charles-Pierre Nicolle. La BnF conserve une Vue générale du cloître datant des années 1780, époque où le couvent était encore occupé par les moines. Attiré par une probable nostalgie et par son goût pour les ruines, Nicolle revient sur les lieux en cours de destruction et témoigne de la lente métamorphose de la ville en ce début de XIXe siècle.   

Le Carmel de la place Maubert, ou Monasterium de Mariae de Monte-Carmelo, construit au début du XIIIe siècle, fut fermé par la Constituante en 1790. Il ne sera totalement démoli qu’en 1811 lors de la création du marché couvert Maubert et de la rue Basse-des-Carmes. Sur cet emplacement se trouve aujourd’hui le commissariat de police du 5e arrondissement. Émile Edmond Ollivier (1800-1864) grava plus tard dans le siècle certains des dessins de Nicolle consacrés à l’ancien couvent des Carmes.  

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