Charles ESCHARD (1748 – vers 1815)

Caprice antique, vers 1780
Lavis d’encre brune sur trait de crayon sur papier
25,4 x 32 cm
Signé au milieu sur la gauche C. Echard

Vendu

Dans le dernier quart du XVIIIe siècle, le goût pour l’antique s’impose dans tous les arts. Alors que le peintre Jacques-Louis David pose les bases du néo-classicisme en France, les artistes de la génération précédente, à l’image de Jean-Honoré Fragonard, s’éloignent du style rocaille et teintent leurs œuvres d’un esprit plus classique. Depuis l’Italie, l’intérêt pour les ruines de Giovanni Battista Piranesi se diffuse en France, notamment par l’intermédiaire du peintre Hubert Robert et des graveurs qui ornent les ouvrages imprimés de frontispices où la lettre se mêle aux éléments inspirés de l’antiquité. 

Charles Eschard, peintre, dessinateur et graveur, réalise à cette époque l’une de ses feuilles les plus réussies. Véritable caprice au lavis d’encre, ce dessin montre en son centre un bas-relief représentant la mythique chèvre Amalthée avec laquelle jouent des enfants. Le bloc sculpté, comme abandonné en pleine nature, est posé à même le sol et en partie recouvert par la végétation. Tout autour, l’artiste a choisi d’installer différents éléments : un obélisque inspiré par l’Égypte en grande partie tronqué par le cadrage, un vase orné d’un mascaron, le pied d’une sculpture de héros en marbre et le buste renversé d’un homme, sans piédestal, qui semble évoquer la figure de Sénèque. Sur la gauche, un médaillon sculpté d’un profil féminin à la manière d’un camée complète la composition. 

Selon plusieurs sources d’époque, Charles Eschard serait né à Caen en 1748 avant de s’installer à Rouen où il devient l’élève de Jean-Baptiste Descamps, fondateur de la célèbre école de dessin de la ville. En 1773, alors âgé de vingt-cinq ans, Eschard arrive à Paris et devient professeur de dessin. Peu de temps après, il effectue plusieurs voyages en Hollande, en Savoie et peut-être en Russie. Présenté à l’Académie par le peintre Pierre-Antoine Demachy en 1782, le morceau de réception de Charles Eschard est refusé l’année suivante malgré le soutien du directeur Jean-Baptiste-Marie Pierre. L’artiste ne présentera plus sa candidature mais obtiendra finalement sa réintégration en 1789. Deux ans plus tard, il participe au Salon en exposant sept paysages. Le livret précise alors qu’il vit au numéro 92 de la rue Neuve-des-Petits-Champs. Par la suite, il expose de nouveau plusieurs paysages en 1798 puis contribue en 1806 à l’illustration des Campagnes de Napoléon en Italie sous la direction de Vivant Denon. Les détails de sa vie et de sa carrière après cette date nous sont inconnus. Seule l’existence d’un dessin daté de 1815 atteste que l’artiste est toujours vivant à ce moment-là. Le musée des Beaux-Arts de Caen, qui conserve ce dernier dessin, a consacré à Charles Eschard une exposition en 1984 dont le catalogue continue de faire autorité. 

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