Pierre-Claude-François DELORME (1783-1859)

Adam et Ève chassés du Paradis, vers 1839
Huile sur toile
41 x 33 cm
Signé en bas à droite Delorme

Vendu

Les sujets tirés de l’Ancien Testament inspirent les artistes depuis l’avènement du christianisme. Les figures d’Adam et Ève, prétextes à la représentation de la nudité, intéressent particulièrement les peintres depuis la Renaissance. De la création d’Adam jusqu’à la punition divine sanctionnant le péché originel, l’histoire racontée dans la Genèse exprime la complexe relation qu’entretiennent les hommes avec le divin. Au XVIIe siècle, le poète John Milton interprète le texte sacré et le développe dans son Paradis perdu sous la forme d’un poème épique. Ève, Adam et Satan deviennent sous sa plume les héros et les antihéros d’une aventure où le merveilleux prend le pas sur la religion. L’ouvrage, bien que connu en langue française depuis le début du XVIIIe siècle, connaît un certain regain d’intérêt avec la traduction de Chateaubriand publiée en 1836. Le peintre Pierre-Claude-François Delorme, qui fut l’élève de Girodet, choisit d’illustrer le thème d’Adam et Ève pour sa participation au Salon de 1839. Le premier homme et sa compagne sont représentés assis dans le jardin d’Éden, effrayés par les conséquences de leurs actes après avoir goûté au fruit défendu. Derrière eux, Dieu et Satan les dominent sur un fond de paysage crépusculaire. Comme Claude-Marie Dubufe qui s’était emparé du sujet inspiré de Milton pour peindre deux toiles exposées au Salon de 1827, Delorme avait prévu de réaliser un autre tableau en pendant du premier. L’esquisse de cette seconde composition, probablement jamais développée en grand format, illustre le moment où Adam et Ève sont chassés du Paradis. Le premier homme avance résigné vers son châtiment alors que la femme se retient à lui, chancelante et prête à s’évanouir. Le paysage apocalyptique qu’ils traversent est séparé en deux par les fumées qui s’échappent des volcans en éruption. Sur la gauche, glissant sur les rochers, le serpent évoque la présence du malin, alors que l’archange Raphaël les guide vers leur destinée et ferme l’accès du paradis terrestre en tenant son épée enflammée. La figure d’Ève renvoie ici aux canons du genre et semble faire référence aux modèles de Dürer et Cranach. Celle d’Adam, représenté en homme musclé aux cheveux d’un noir profond, est marquée par l’influence directe de la vision de John Milton et de ses interprétations par les artistes anglais tels que William Blake. L’aspect esquissé de l’œuvre met également en avant le talent méconnu de Delorme dans le traitement du paysage.

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