Philippe CHAPERON (1823-1906)

Souvenir de Cléopâtre, 1890
Aquarelle et gouache sur papier
22,2 x 30,2 cm (à vue)
Signé, daté et dédicacé en bas à gauche Ph. Chaperon 1890 Souvenir de Cléopâtre à Mr Moreau

Vendu

Issu d’un milieu modeste, Philippe Chaperon grandit à Paris et fait des études secondaires avant de s’inscrire à l’École des Beaux-Arts où il étudie l’architecture sous la direction de Victor Baltard. En 1842, sa formation terminée, Chaperon entre dans l’atelier de Pierre-Luc-Charles Cicéri, le directeur des décors de l’Opéra, situé rue Le Peletier. Il collabore dans cette institution avec d’autres artistes tels que Charles Séchan, Édouard Desplechin, Jules Diéterle ou Auguste Rubé. Après un voyage en Espagne à la fin des années 1840, Chaperon finit par s’associer avec Rubé pour créer son propre atelier. Parallèlement à ses activités de décorateur de théâtre, l’artiste participe au Salon où il expose des peintures de chevalet marquées par sa formation d’architecte. Il réalise également des peintures décoratives pour des églises ou des hôtels particuliers et reçoit des commandes pour le palais des Tuileries et l’Hôtel de Ville de Paris. En association avec Rubé, il devient l’un des plus prolifiques décorateurs de théâtre et d’opéra de la seconde moitié du XIXe siècle. 

Au début de l’année 1890, le dramaturge Victorien Sardou fait appel à Chaperon pour réaliser les décors de sa dernière pièce Cléopâtre, drame en cinq actes et six tableaux écrit en collaboration avec Émile Moreau. Le compositeur Xavier Leroux doit se charger d’écrire la musique et le peintre Théophile Thomas de dessiner les costumes. Sarah Bernhardt, plus célèbre actrice de son époque, joue le rôle-titre et Philippe Garnier celui de Marc Antoine. Après plusieurs mois de préparation et de répétitions, la première a lieu le 23 octobre au théâtre de la Porte Saint-Martin. Chaperon a dessiné et fait construire six décors monumentaux. Pour le quatrième acte, il conçoit un vaste espace intérieur de maison grecque ouvrant par une large baie cintrée sur une terrasse, d’où l’on voit la mer et les rivages de l’Épire. Sous la charpente du plafond, au centre de la pièce, se dresse un grand lit à baldaquin en bronze couvert de tentures et d’une peau d’ours. L’artiste réalise au moins deux aquarelles relatives à ce décor. La première, conservée à la Bibliothèque nationale de France, est animée par une seule figure de jeune homme vêtu de rouge se tenant aux pieds du lit. La seconde, presque identique, intègre le personnage de Cléopâtre qui entre en scène sur la droite. La structure du lit a légèrement changé et les décors du plafond y sont plus détaillés. L’œuvre signée et datée porte une dédicace « Souvenir de Cléopâtre à Mr Moreau ». 

La presse de l’époque se fait l’écho, y compris à l’étranger, du succès de la pièce dont on salue la qualité des décors. Dans un journal de 1890, Adrien Marie choisit de l’illustrer avec un passage du IVe acte. Sur son dessin, Cléopâtre, cachée derrière les rideaux du lit, écoute les accusations portées contre elle par les amis de Marc Antoine. Ce décor de Chaperon, reconnaissable au lit et à l’ouverture sur la baie, y est reporté fidèlement.


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