Henri LEHMANN (1814-1882)

Le Bacchant, 1857
Huile sur papier marouflé sur toile
32 cm de diamètre
Signé et daté en bas sur la droite H. Lehmann 1857
Exposition : Paris, Salon de 1859, n°1899 ; Paris, École des Beaux-Arts, 1883, n° 22 Bibliographie : M-M Aubrun, Henri Lehmann, catalogue raisonné de l’œuvre n°452
Provenance : ancienne collection d’Edmond Joubert

Vendu

À la fin des années 1850, Henri Lehmann est au faîte de la gloire. D’origine allemande, le peintre qui s’est formé auprès d’Ingres avait obtenu la nationalité française dix ans plus tôt et ouvert son propre atelier. Plusieurs commandes prestigieuses pour des bâtiments publics et différentes églises de la capitale lui offrent la célébrité. En 1852, il avait achevé en moins de dix mois l’important décor de la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris. Étalée sur une superficie de près de cent quarante mètres carrés de plafond, l’œuvre comprenait plus de cent quatre-vingts figures. Les cinquante-six compositions qui prirent place sur la voûte et les pendentifs illustraient le sujet très philosophique de La Lutte de l’homme contre les éléments. En 1857, alors qu’il vient de terminer les décors de la salle du trône au palais du Luxembourg et qu’il travaille sur une Nativité destinée à l’église Saint-Louis-en-l’Île, Lehmann reçoit une commande privée de son neveu, le financier Edmond Joubert. Le peintre note dans son livre de raison, au mois de février 1857 : «Commencé pour Edmond Bacchantes»; puis en mai de la même année : «Terminé les Bacchantes pour Edmond ». L’œuvre qui dérive directement de l’une des compositions pour l’Hôtel de Ville titrée Dissipat Evius Curas évoque les vendanges. Un bacchant et une bacchante, accompagnés d’un putto, flottent dans les airs en jouant avec des grappes de raisin. Leurs corps dénudés et ivres se détachent sur un fond de ciel bleu aux reflets ocrés. L’œuvre peinte à l’huile sur papier, peut-être initialement dans un format rectangulaire, se présente sous la forme d’un tondo voulu par l’artiste. Le support fut marouflé par Étienne-François Haro, l’encadreur attitré de Lehmann, sur une toile et un châssis circulaire, pour épouser un cadre en bois doré du XVIIe siècle. Deux ans plus tard, Henri Lehmann emprunta à son neveu le tableau pour l’exposer au Salon. Présentée sous le titre de Bacchantes ; fragment de la frise de la galerie des Fêtes à l’Hôtel de Ville de Paris, l’œuvre fut remarquée par Henry Fouquier qui dans ses lettres sur le Salon y fait allusion : «Ces bacchantes qui jouent dans l’air et font ressortir sur le ciel bleu leurs formes exquises». Un an après la mort de Lehmann, l’École des BeauxArts organise en janvier 1883 une exposition consacrée à son œuvre. Le tableau, toujours propriété d’Edmond Joubert, est prêté et exposé à cette occasion. Son nouveau titre, Le Bacchant, appuie alors la place centrale du jeune éphèbe rieur dans la composition. Connue jusqu’à aujourd’hui par une lithographie d’Auguste-Charles Lemoine au format rectangulaire, la redécouverte de cette peinture permet, au-delà des nombreuses esquisses préparatoires au plafond de la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris, de s’imaginer le raffinement grandiose du projet décoratif dont elle dérive et qui fut détruit par les flammes en 1871.

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