Fernand FAU (1858-1915)

Portrait authentique de la baleine échouée à Luc-sur-Mer en 1885, entre 1885 et 1890
Encre, crayon bleu, carte à gratter Gillot détourée et collée sur papier Bristol 
32 x 40,5 cm
Signé sur la baleine Fernand Fau
Bibliographie : Constant de Tours, Vingt jours du Havre à Cherbourg ; Rouen – Basse-Seine, côtes Normandes, Paris, Maison Quantin, 1890 (reproduit en noir et blanc)

Acquisition par le Musée de Normandie, Caen

Le matin du 15 janvier 1885, un douanier découvre sur les rivages de la côte de Nacre, à l’endroit dit la « Brèche du Moulin », une baleine de quarante tonnes et longue de dix-neuf mètres, qui s’était échouée pendant la nuit. La portion de plage, située entre les communes de Luc-sur-Mer et de Langrune-sur-Mer, attire durant plusieurs jours des milliers de visiteurs qui arrivent des villages avoisinants mais également depuis Caen, en train, pour voir le gigantesque cétacé. Quelques photographes professionnels et amateurs font également le déplacement et fixent pour la postérité l’impressionnante dépouille de la baleine. Au bout de quelques jours, le cadavre de l’animal qui commence à se décomposer dégage des effluves pestilentiels. L’odeur n’empêche pas certains visiteurs de s’approcher au plus près pour prélever un morceau de la bête en guise de souvenir macabre. La mairie se doit alors d’agir rapidement et fait appel au professeur Yves Delage de la faculté des sciences de Caen qui dirige depuis 1883 la station zoologique de Luc-sur-Mer. Il est chargé de déplacer l’animal pour l’étudier et si possible le préserver. Les premiers constats des scientifiques déterminent que la baleine est un rorqual commun, mort des suites de ses blessures après avoir percuté un navire. L’animal est alors dépecé en prenant soin de récupérer tout ce qui peut être utile, notamment la graisse pour fabriquer des savons. Une fois dégagé, le squelette est préservé puis transporté à Caen pour être étudié. Exposé dans différents lieux de la ville dont l’église Saint-Sauveur de Caen, il ne revient à Luc-sur-Mer qu’en 1937 pour être installé sous un abri construit à cet effet dans le parc municipal. La baleine est depuis devenue l’emblème de la ville. 

Artiste parisien né à Poitiers, Fernand Fau est chargé par la maison d’édition Quantin d’illustrer la découverte de la baleine. À l’époque, les clichés pris par les photographes circulent déjà et sont même édités en carte postale. Le dessinateur, qui n’a probablement pas fait le voyage jusqu’en Normandie, choisit alors l’image la plus marquante à sa disposition : la baleine y est étendue sur la plage entourée par plusieurs centaines de badauds. Vue de dos, sa queue immense s’étale au premier plan. Quelques maisons de bord de mer surplombent la scène. Fernand Fau choisit d’élargir l’angle de vue de la photographie et de cintrer la partie supérieure de la composition. Travaillé à part sur une carte à gratter Gillot, l’animal est découpé puis collé sur la page. Assumant sa dette au photographe, l’artiste l’intègre sur la gauche avec son appareil. Son dessin sera publié en 1890 dans le livre de Constant de Tours intitulé Vingt jours du Havre à Cherbourg ; Rouen – Basse-Seine, côtes Normandes dont le sous-titre 130 dessins d’après nature peut paraître pour le moins mensonger. 

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