Charles-François KNÉBEL (1810-1877)

Paysage italien,1832
Aquarelle sur papier
18,5 x 26,5 cm
Signé et daté en bas à gauche F. Knébel 1832

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Dans la seconde partie du XVIIIe siècle, Rome accueille des artistes venus de toute l’Europe dans le cadre du Grand Tour. En plus des Français, des Anglais, des Allemands ou des Scandinaves, une communauté de peintres suisses s’y implante durablement. Parmi eux, les paysagistes d’origine vaudoise Louis Ducros (1748-1810) et François Keisermann (1765-1833) connaissent un succès rapide à la fin des années 1780. Le second, habile graveur et aquarelliste, collabore avec différents artistes italiens et travaille pour le prince Camille Borghèse. Pour satisfaire des commandes de plus en plus nombreuses, il s’adjoint les services d’apprentis chargés de préparer ses couleurs et ses supports. À ce titre, il fait venir de sa région natale l’un de ses cousins, Jean-François Knébel (1789-1822), qui se forme auprès de lui et l’assiste jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de trente-deux ans. Dès l’année suivante, en 1823, Keisermann décide de prendre en apprentissage son filleul, le jeune Charles-François Knébel, et l’adopte. 

Né à La Sarraz près de Lausanne, Charles-François, fils de Jean-Louis Knébel (1779-1848), n’a que douze ans lorsqu’il arrive à Rome. Très vite, il montre un talent précoce mais entretient des relations difficiles avec son maître et père adoptif. Lassé de ne pouvoir donner libre cours à sa vision artistique, le jeune homme demande son émancipation en 1829 et quitte l’atelier de Keisermann pour s’installer au numéro 26 de la via Lucina. Il reprend alors son nom de naissance et se marie. Charles-François, qui a réussi à conserver de bons contacts avec les anciens clients de son père adoptif, trouve rapidement du travail et reçoit ses premières commandes. En quête de motifs, il se rend à Naples, Capri, Tivoli, Albano ou dans les Abruzzes. Une aquarelle, datée de 1832 mais non localisée, atteste de son talent tout en trahissant sa dette artistique envers son maître et les autres paysagistes suisses de la génération précédente. Réalisée avec la finesse du miniaturiste, cette œuvre montre un paysage d’Italie aux lointains vallonnés. Le premier plan, fait de rocailles arides, joue sur un fort contraste de lumières et s’ouvre sur les collines verdoyantes. Sur la gauche, un arbre s’accroche aux pierres et recentre la composition vers un village fortifié qui domine la plaine. Au loin, les montagnes bleutées se découpent sur une bande de ciel traitée avec légèreté. 

Malgré leur éloignement, leurs querelles et son émancipation, Charles-François Knébel hérite de l’intégralité des biens de son maître décédé au début de l’année 1833. Son fils Titus, né cette même année, suivra ses traces pour devenir à son tour un excellent paysagiste. 

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