Auguste-Siméon GARNERAY (1785-1824)

Petit Jehan de Saintré reçu à la cour,1820
Aquarelle sur papier vélin
23 x 17 cm
Signé et daté en bas à gauche AUGTE GARNEREY 1820
Titré sous le motif : Petit Jehan de Saintré reçu à la cour

Vendu

L’histoire du petit Jehan de Saintré est racontée par Antoine de La Sale dans son roman chevaleresque Histoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré et de la jeune Dame des Belles Cousines écrit vers 1456. Abrégé et traduit en français moderne par le comte de Tressan en 1780, le texte connaît un regain d’intérêt dans le premier quart du XIXe siècle à la faveur de la mode troubadour. Si la réalité historique du personnage principal, le fils d’un militaire français au service du roi Jean le Bon, semble avérée, les aventures du héros d’Antoine de La Sale, sont, pour leur part, totalement imaginaires. Une jeune veuve, appelée Madame des Belles Cousines, est chargée de l’éducation du petit Saintré. À côté d’enseignements basés sur les valeurs de la morale chrétienne, elle lui prodigue des conseils moins canoniques sur la manière de vivre et d’évoluer à la cour pour s’attirer les faveurs du roi. Finalement délaissé par la dame pour laquelle ses sentiments étaient ambigus, Saintré devient un valeureux chevalier qui prend part héroïquement aux combats de son temps. 

Le peintre Auguste Garneray, qui fut le professeur de la reine Hortense puis de la duchesse de Berry, semble s’intéresser au sujet dès 1812, année où il expose une série de Vignettes pour le Fabliau du petit Jehan de Saintré. Ancien élève de son père, le peintre Jean-François Garneray, puis celui de Jean-Baptiste Isabey, Auguste se spécialise très tôt dans l’art de l’aquarelle et plus particulièrement dans la représentation de jardins et d’intérieurs savamment détaillés. Comme son maître Isabey, il dessine également des costumes et des décors pour le théâtre. Son style au raffinement extrême s’apparente souvent à celui des enlumineurs et des miniaturistes. 

À l’occasion du Salon de 1819, Auguste Garneray expose différents portraits et une nouvelle série de Dessins coloriés pour le fabliau du petit Jehan de Saintré. L’année suivante, il revient sur ce thème pour une aquarelle dont le degré d’aboutissement s’approche de celui d’un tableau de chevalet. Dans une salle aux décors d’arcades et d’entrelacs gothiques, le jeune adolescent aux boucles blondes se tient debout parmi un groupe de quatre femmes richement vêtues. Il baisse timidement la tête face à l’une d’elles qui lui adresse la parole en tendant la main vers lui. Cette dernière, qui porte une couronne et une robe de velours bordée d’hermine, doit être la reine recevant le jeune Jehan pour la première fois à la cour. La dame des Belles Cousines, en robe jaune pâle assise près de lui, le regarde avec affection. Réalisée en 1820, l’œuvre correspond au goût troubadour de la duchesse de Berry à laquelle elle était peut-être destinée. Par la suite, le sujet sera repris par de nombreux artistes tout au long du XIXe siècle, en gravure, en dessin ou en peinture. Ce sera le cas de Théodore Chassériau dans les années 1840 et d’Eugène-Ernest Hillemacher pour un tableau exposé au Salon de 1868. 

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