Anne-Louis GIRODET de ROUCY-TRIOSON (1767-1824)

Pygmalion amoureux de sa statue, vers 1813
Crayon et estompe sur papier
24 x 18 cm
Provenance : probablement vente Girodet, Paris, 11 avril 1825, n° 206 ; probablement collection Louis-Joseph Auguste Coutan (1770-1830) ; probablement vente dite « Coutan », Paris, 8 mars 1829, n° 98  ; collection Marie-Louise M., Paris
Bibliographie : Sidonie Lemeux-Fraitot, « Pygmalion et Galatée : sept ans de réflexion », Girodet face à Géricault ou La bataille romantique du Salon de 1819, cat. exp., Montargis, musée Girodet, 2019-2020, reproduit p. 101

Vendu

En 1812, Giovanni Battista Sommariva, un riche collectionneur milanais installé à Paris, souhaite acquérir Le Sommeil d’Endymion d’Anne-Louis Girodet. Le peintre refuse de vendre son tableau du Salon de 1793 auquel il est très attaché, mais accepte d’en faire un nouveau pour le collectionneur. Déjà propriétaire de plusieurs peintures néo-classiques, Sommariva a une affection particulière pour le sculpteur Antonio Canova. Girodet et lui s’entendent sur un sujet d’inspiration antique qui doit rendre hommage à cet artiste. Le thème de Pygmalion amoureux de Galatée est alors choisi. Racontée par le poète Ovide dans ses Métamorphoses, l’histoire est celle d’un sculpteur tombant amoureux de l’une de ses œuvres baptisée Galatée. Profondément déçu par le comportement des femmes de son époque, Pygmalion supplia la déesse Aphrodite de donner vie à sa sculpture.

Dès 1813, Girodet multiplie les dessins pour définir sa composition. Sur une première feuille, il représente le sculpteur dans son atelier. Sur la gauche, de la fumée s’échappe d’un autel sous une statue de Vénus placée dans une niche ; au centre, Pygmalion, s’avançant vers la sculpture d’ivoire, pose son pied sur le socle et effleure de ses doigts le sein de Galatée. Un petit Amour ailé, blotti contre lui, joint sa main à celle de l’œuvre aimée qui s’anime. Malgré un travail acharné dont témoignent de nombreuses études, la peinture, inachevée, ne peut être présentée au Salon de 1814. Redécouvert récemment, un autre dessin, très abouti, portait une signature apocryphe de Prud’hon, masquée aujourd’hui. L’étude de cette œuvre réalisée à la pierre noire et à l’estompe montre l’évolution de la réflexion de Girodet qui a opéré quelques changements. Le fond de la scène toujours située dans un intérieur est maintenant masqué par la fumée qui s’échappe en abondance de l’autel ; Pygmalion, la tête couronnée de lauriers, tend ses mains vers Galatée mais ne la touche plus. Cette gestuelle, moins érotique, génère une tension plus suggestive que Girodet conserve dans la composition définitive de son tableau. Exposé au Salon de 1819, le tableau, d’esprit anacréontique, est confronté au Radeau de la Méduse peint par Théodore Géricault. Le décor est devenu une terrasse ouverte sur un paysage et Galatée a adopté une coiffure différente. Cependant, la posture et les gestes des deux figures restent presque identiques à celle du dessin.

À la mort de Girodet, en 1824, son élève Alexis-Nicolas Pérignon est chargé de l’inventaire de l’atelier. La vente des œuvres, qui se déroule à Paris en avril 1825, comporte plusieurs études et dessins préparatoire à Pygmalion amoureux de sa statue. Le numéro 206 du catalogue, décrit comme « Un dessin pour le sujet de Galatée, à l’estompe et au crayon, sur papier blanc » semble correspondre à la feuille préparatoire réalisée vers 1813. Acheté alors 600 francs par Louis-Joseph Auguste Coutan, ce dessin réapparaît à la vente du collectionneur en mars 1829 sous le titre de Dessin terminé pour le Galatée.

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