Alexis-Victor JOLY (1798-1874)

Les Pertes du Rhône, vers 1825
Huile sur toile
32,5 x 40,5 cm
Signé en bas à droite a. joly

Vendu

Le site des Pertes du Rhône se situait près de Bellegarde-sur-Valserine, juste en amont du confluent de la Valserine et du Rhône, aux frontières de l’Ain et de la Haute-Savoie. En ce point précis, les roches masquaient le cours du Rhône qui, plongeant dans des excavations profondes de soixante mètres, finissait par disparaître. Le lieu a attiré de nombreux visiteurs tout au long du XIXe siècle, comme Lamartine, ou Victor Hugo qui écrit à sa vue « Quel cri de rage, quel rugissement féroce, le Rhône se précipitait dans le gouffre. » Aujourd’hui noyées suite à la construction d’un barrage, les Pertes du Rhône furent le sujet d’un grand nombre de photographies et de quelques gravures. Travaillant sur le volume des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France consacré à la Franche-Comté, le baron Taylor et Charles Nodier font appel en 1825 à Alexis-Victor Joly pour quelques-unes des illustrations, dont celle représentant les Pertes du Rhône.

Formé dans l’atelier de Pierre Mongin, puis probablement dans celui de Jean Victor Bertin, Joly débute au Salon de 1817 en exposant des vues de Chambéry et de Grenoble. Ces choix thématiques, preuves que le peintre séjourne très tôt dans la région des Alpes, seront récurrents dans son œuvre. Méconnu et souvent confondu avec son homonyme et contemporain, Adrien Joly de la Vaubignon, Alexis-Victor est avant tout un paysagiste. Pour la lithographie représentant les Pertes du Rhône, il s’associe avec Victor Adam qui se charge des figures du premier plan où deux hommes, une femme et un chien découvrent le fleuve tumultueux depuis les hauteurs d’une passerelle. Le reste de la planche est occupé par le paysage lui-même. Sur une toile datant probablement de la même époque, Joly propose une interprétation du site plus naturaliste. Le peintre choisit d’ignorer la passerelle et plonge l’arrière-plan dans une brume épaisse. Quelques figures, un berger et ses bêtes sur la droite, une famille sur la gauche se perdent dans le paysage sans l’animer. Sur les côtés, la végétation, brossée en vert et brun, se mêle aux roches grises pendant que l’eau, traduite par quelques empâtements de blanc, s’écoule au centre avant de disparaître devant nous. La préparation du support lui donne un aspect grainé qui accroche la peinture de manière irrégulière, accentuant le caractère minéral du site représenté.

Excellent dessinateur et lithographe, Joly fournit un nombre important de petits paysages au lavis d’encre qui garnissent alors les liber amicorum. Pour les éditeurs, il traduit sur la pierre des vues d’Amérique du Sud ou de Russie sans avoir jamais visité ces régions lointaines. Au début des années 1830, Alexis-Victor Joly, jeune marié, s’installe rue Jean-Goujon à Paris. Son épouse Delphine, avec laquelle il partage un atelier, fait également une carrière artistique en tant qu’aquarelliste et expose au Salon en 1833. Si Joly participe régulièrement aux expositions officielles jusqu’à son décès en 1874, ses peintures sont rares et son œuvre reste encore largement à étudier.

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