Achille DEVÉRIA (1800-1857)

La reine courtisée, vers 1825-1830
Huile sur papier marouflé sur toile
22,5 x 18,5 cm
Signé en bas à droite ADeveria

Vendu

La redécouverte de la culture médiévale se développe en Europe à la fin du XVIIIe siècle, d’abord en Angleterre et en Allemagne, puis en France. Après 1815 et la chute de Napoléon, les frères de Louis XVI exploitent cette part de l’histoire nationale pour légitimer la restauration de la couronne. Les architectes vont puiser dans les ruines romanes et les cathédrales gothiques de nouveaux modèles pour les palais et jardins ; les écrivains, à l’instar de Chateaubriand ou de Victor Hugo, font revivre sous leur plume les ors sombres de cette époque en grande partie fantasmée ; les théâtres et les opéras parisiens montrent dans des décors d’abbaye de nouveaux personnages tirés des légendes anciennes. Pour cela, on exhume des bibliothèques certains textes de la littérature nationale pour les réadapter. De la matière de Bretagne, on ressuscite les héros des temps jadis tels ceux qui peuplaient la cour du légendaire roi Arthur. 

Sur les eaux d’un lac aux berges richement aménagées, un couple enlacé dérive dans une barque. Un jeune trouvère embrasse sa compagne qui joue, imperturbable, de la mandoline. Deux cygnes, cous entremêlés, accompagnent leur idylle. Les légendes médiévales regorgent d’histoires courtoises sur ce modèle. Au XIIe siècle, Chrétien de Troyes raconte les amours de la reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, avec Lancelot du Lac. Probablement inspiré de cette légende, Achille Devéria a pris soin d’ajouter au costume de la jeune femme les attributs royaux : une cape à fleurs de lys sur fond bleu recouvrant une robe bordée d’hermine. Le peintre installe sa composition d’un pinceau léger à la manière d’une lettrine enluminée et occupe l’intégralité d’un espace fourmillant de détails. 

Achille Devéria, peintre et dessinateur formé dans l’atelier de Girodet, affectionne les petits formats. Il participe au Salon depuis 1822 mais expose principalement des dessins et des aquarelles, laissant la place de peintre à son frère cadet Eugène. Illustrateur fécond, il collabore à une multitude de publications romantiques, enrichissant de vignettes les œuvres de Cervantès, La Fontaine, Dumas, Hugo et bien d’autres. Ses petites peintures de chevalet sont souvent à mettre en rapport avec ses projets d’illustration.

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