Vue depuis le parvis de Santa Maria Assunta
à Ariccia, 1826
Huile sur papier marouflé sur toile
16,5 x 24 cm
Titré et daté sur le châssis Souvenir d’Italie – 1826
Acquisition par la Fondation Custodia
Théodore Caruelle d’Aligny est né dans la Nièvre où il réside jusqu’à l’âge de onze ans, avant de s’installer avec sa famille à Paris. Il reçoit ses premières leçons du peintre paysagiste Louis-Étienne Watelet qui l’incite à travailler sur le motif. Pour parfaire sa formation, il intègre l’atelier de Jean-Baptiste Regnault, peintre d’histoire. Fort de ce double apprentissage, il participe pour la première fois au Salon en 1822 et présente un Daphnis et Chloé. La même année, Caruelle commence à fréquenter Jean-Baptiste Corot, amitié qui sera déterminante pour la carrière des deux peintres. En 1824, il entreprend seul le voyage en Italie, rejoint un an plus tard par son complice. Après deux années à parcourir la péninsule, les deux peintres s’arrêtent à Ariccia en 1826. De Corot, nous connaissons une vue de la ville en contre-plongée d’où émerge le dôme de l’église ; de Caruelle d’Aligny un seul dessin, référencé dans le catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste par Marie-Madeleine Aubrun (n° D229), mais mal localisé. Le peintre avait choisi un angle de vue surprenant : installé sur le parvis de la collégiale Santa Maria Assunta, chef d’œuvre architectural du Bernin, Caruelle ne s’était pas placé dans l’axe du bâtiment. Regardant en direction du lointain, il laisse sur sa gauche le profil du fronton et de la colonnade de l’église, permettant ainsi aux deux vasques de marbre d’occuper le centre de la composition. Cette huile sur papier, réalisée in situ, reprend le même choix de cadrage inattendu que le dessin cité précédemment. Longtemps attribuée abusivement à Corot, l’œuvre correspond assurément à la technique de Caruelle d’Aligny. D’un pinceau léger d’ocre et de blanc mêlés, le peintre souligne les pilastres du pronaos puis s’attarde sur les flaques d’eau verte qui se détachent sur un sol ocre clair à l’ombre des vasques. Plus haut, il trace avec soin les nuages blancs qui dominent des collines verdoyantes. À son retour en France, Caruelle d’Aligny découvre le potentiel du site de Barbizon avec ses paysages de forêt qui lui rappellent tant l’Italie. Surnommé par certains critiques de son temps « l’Ingres du paysage », le peintre, à l’inverse de son ami Corot, est peu à peu tombé dans l’oubli.