Victor PROUVÉ (1858-1943)

Chant XIII de l’Enfer, 1879
Pierre noire et craie blanche sur papier gris
42 x 58,4 cm
Signé et daté en bas à gauche V Prouvé – 1879

Vendu

Issu d’une famille d’artisans d’art, Victor Prouvé apprend les rudiments du métier auprès de son père, un dessinateur en broderie et céramiste. Très jeune, ses talents graphiques sont remarqués par la famille Gallé. En 1873, il entre à l’école municipale de dessin de Nancy sous la direction de Théodore Devilly. Durant cette période, il se lie d’amitié avec Louis Majorelle, Camille Martin et Émile Friant. Quittant sa Lorraine natale quatre ans plus tard en direction de la capitale, il intègre l’atelier d’Alexandre Cabanel à l’École des Beaux-Arts de Paris. Son ami Majorelle est quant à lui inscrit dans l’atelier d’Aimé Millet mais doit le quitter rapidement pour rentrer à Nancy en 1879. Cette même année, Émile Friant qui vient lui aussi d’arriver à Paris, le rejoint chez Cabanel. Ensemble ils peuvent se rendre au Salon où leur maître expose deux portraits. Ils y découvrent également la production des artistes de leur temps dont la majorité sont d’anciens élèves de l’École.

Dante, qui a toujours inspiré les artistes depuis la Renaissance, offre aux peintres académiques du XIXe siècle des sujets nombreux qu’ils ne se gênent pas d’exploiter. Au Salon de 1879, trois peintres exposent des sujets dantesques : Camille-Félix Bellanger, Antonio Cotti et Albert Édouard. Les illustrations de Gustave Doré pour La Divine Comédie publiées entre 1861 et 1868 avaient déjà fini de populariser chacun des passages de l’ouvrage. Victor Prouvé trouve donc dans cette ressource le sujet d’un grand dessin à la pierre noire et choisit d’illustrer plus précisément le Chant XIII de L’Enfer. Pénétrant dans les bois, le poète que son guide accompagne, aperçoit un homme mis en pièces par des chiennes en furie. C’est le supplice infligé aux dissipateurs et l’homme doit être un Siennois connu sous le nom de Lano. Les arbres tortueux qui les entourent renferment les corps des suicidés. Des harpies, figures féminines effrayantes et ailées, dévorent leurs branches et leurs feuilles pour l’éternité. L’artiste regroupe en une seule image deux passages du texte, sans chercher à imiter ses prédécesseurs. Seule la harpie représentée à l’arrière-plan sur la gauche semble un emprunt direct aux gravures réalisées par Yan’ Dargent et publiées cinq ans plus tôt.

Les œuvres de jeunesse de Victor Prouvé sont rares. L’artiste n’entame véritablement sa carrière officielle qu’au Salon de 1882 avec une toile représentant Adam et Eve. Ce n’est que six ans plus tard qu’il retournera puiser dans L’Enfer de Dante le sujet d’une nouvelle œuvre. Le Deuxième cercle, exposé au Salon de 1889, représente les suppliciés qui ont commis le péché de chair. D’un format étiré, la toile accumule les corps en s’inspirant de Rodin. L’œuvre qui valut une médaille à son auteur sera rebaptisée Les Voluptueux lors de sa présentation pour l’Exposition universelle de 1900.

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