Théodore GUDIN (1802-1880)

Vue de Grenoble, vers 1825
Huile sur papier marouflé sur toile
38 x 62 cm
Signé en bas à gauche T. Gudin
Esquisse du tableau présenté à la vente des ouvrages de peinture au profit des Grecs le 15 mai 1826 (n° 105), exposé au Salon de 1827 (n° 506) et réapparu chez Sotheby’s à Amsterdam le 19 avril 2005, n° 129 (sous le titre « Town by a river », huile sur toile, 75 x 127 cm, signé et daté de 1826) 

Né à Paris en 1802, Théodore Gudin se destine tout d’abord à une carrière de marin. Il étudie au Collège royal de la Marine, future École navale, avant de partir en septembre 1819 pour New York où il rejoindra la marine américaine. De retour en France en 1822, il retrouve son frère aîné Louis qui étudie la peinture dans l’atelier d’Horace Vernet. Théodore choisit finalement d’embrasser la carrière de peintre et rejoint l’atelier d’Anne-Louis Girodet à l’École des Beaux-Arts. Cette même année, il expose pour la première fois au Salon et se met peu de temps après sous la protection de la famille d’Orléans. 

Sous la Restauration, les panoramas de Grenoble, capitale du Dauphiné, sont particulièrement appréciés des Parisiens. L’Isère, bordée de ses quais, tout comme sa vallée entourée de ses montagnes, sont en effet des thèmes fréquemment choisis par les artistes. Charles Jean Guérard propose au public deux vues de Grenoble aux Salons de 1822 et 1824. En 1822 également, Louis-Étienne Watelet expose un tableau intitulé Vue du cours de l’Isère et de la ville de Grenoble. Sur ce même motif, Théodore Gudin réalise à son tour, vers 1825, une esquisse sur papier très aboutie. Le jeune artiste se place près de l’ancienne porte Saint-Laurent sur la rive droite et embrasse la ville traversée par l’Isère. La partie droite du tableau est obstruée par la présence rapprochée de la rive et des habitations formant une masse compacte, tandis que le côté gauche montre des habitations, pour la plupart médiévales, disposées en frise en direction de la ville. Au loin, Gudin peint les trois arches du vieux pont de bois, plusieurs fois remanié, ainsi que le clocher de la collégiale Saint-André, bâtie au XIIIe siècle. Quelques figures esquissées à l’aide de rapides coups de pinceau permettent de donner l’échelle. Cette étude, réalisée probablement en partie sur le motif, montre quelques variationsavec la composition définitive dans laquelle Gudin changele nombre de figures et déplace la petite barque sur la gauche, plus près du spectateur. 

En mai 1826, la galerie Lebrun organise à Paris une exposition payante au profit des victimes des massacres de Missolonghi qui ont ému l’Europe entière. De nombreux artistes, dont Eugène Devéria, Horace Vernet ou Eugène Delacroix, décident d’y participer pour soutenir la cause grecque.Théodore Gudin se joint au mouvement et choisit d’y présenter cinq toiles dont deux sont déjà en la possession du duc d’Orléans : une Marine (n° 104) et la version définitive de sa Vue de Grenoble (n° 105). Présentée au Salon de 1827, cette dernière est gravée vers 1830 par Isidore-Laurent Deroy pour le volume 1 de la Galerie lithographique de S. A. R. Mgr. le Duc d’Orléans de J.-P. Quénot dans lequel elle est accompagnée d’un texte de Champollion-Figeac. À la faveur de la révolution de Juillet, Gudin devient peintre officiel de la Marine royale et reçoit le titre de baron. Le nouveau roi Louis-Philippe lui commande alors quatre-vingt-dix toiles destinées au musée de l’Histoire de France de Versailles pour illustrer les grandes victoires navales françaises. 

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