Stéphanie de VIRIEU (1785-1873)

La Tour,vers 1819-1823
Fusain, pierre noire et craie blanche sur papier beige
23,2 x 15,4 cm
Provenance : ensemble de dessins par Stéphanie de Virieu ayant appartenu à ses neveux

Vendu

« Le dessin n’était pas un simple goût chez moi, c’était une passion dominante, unique, absorbante, et elle m’a duré avec une intensité au-delà de bien d’autres passions et jusqu’à ce que les chagrins, des inquiétudes continuelles, soient venus m’en arracher, et encore dès que j’étais un peu tranquille, le dessin redevenait presque ma seule occupation et faisait toute ma joie. » Extrait des souvenirs de Stéphanie de Virieu cité par Réné Oriard dans Stéphanie de Virieu une artiste des terres froides !, 2009

Stéphanie de Virieu voue toute sa vie à l’art et revendique pleinement le statut d’artiste dans ses lettres et ses mémoires sans pour autant courir après la gloire. Elle ne participe à aucun Salon et ne fait jamais graver ses œuvres pour les diffuser ; son travail reste inconnu du plus grand nombre. Après la Révolution, ayant retrouvé la jouissance de sa fortune, elle n’est pas contrainte de vendre ses œuvres pour subvenir à ses besoins. Selon la tradition familiale, le peintre David aurait dit que « Si elle fût demeurée pauvre, elle serait devenue célèbre ! ». Grande lectrice, elle puise dans la littérature les sujets de certains de ses dessins et s’imprègne des goûts de son époque. 

Une tour mystérieuse, dernier vestige d’un château en ruine, se dresse sur un rocher entouré par les eaux. Sa façade éventrée laisse passer la lumière d’une lune masquée par les nuages. À sa base, un passage creusé dans la roche s’ouvre sur un escalier. Deux minuscules figures s’en échappent. Un chevalier en armure, épée à la main, guide les pas d’une jeune femme drapée de blanc. Assurément une histoire de princesse délivrée de sa prison, telle que les aimaient les artistes troubadours de l’époque. Au-delà du prétexte romanesque, l’intérêt pour cette architecture de ruine ne peut qu’évoquer l’évidente nostalgie de Stéphanie pour le château familial de Pupetières détruit pendant la Révolution et qu’elle retourne voir souvent avec son frère Aymon et leur ami Alphonse de Lamartine. Techniquement, le dessin à la pierre noire et à la craie blanche reste attaché au goût gothique du XVIIIe siècle tout en rappelant certaines belles feuilles de Pierre-Henri de Valenciennes ou de Jean-Honoré Fragonard.


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