Sébastien-Charles GIRAUD (1819-1892)

Tyrol italien, vers 1860
Huile sur panneau
27 x 21 cm
Porte sur le cadre le cartouche titrant et attribuant l’œuvre Tyrol italien / par Ch. Giraud / Hors Concours

Vendu

Sébastien-Charles Giraud est un peintre issu d’une famille d’artistes. Il débute en peinture auprès de son frère aîné Eugène Giraud, peintre d’histoire reconnu et portraitiste recherché, avant d’entrer à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1835. Lorsque Louis-Philippe lance en 1843 une expédition militaire en Océanie, Giraud est alors engagé comme dessinateur de la Marine. Chargé de relater les exploits militaires de l’armée française, il exécutera de nombreux croquis de cette guerre coloniale franco-tahitienne qui lui serviront, à son retour en 1847, pour l’exécution de plusieurs tableaux commandés par l’administration des Beaux-Arts. Il n’ar­rête pas là sa carrière de peintre explorateur et part en Laponie avec le peintre François-Auguste Biard, ainsi qu’au Groenland et en Islande avec le prince Napoléon. Jouissant de son vivant d’une grande renommée, il est remarqué par les frères Goncourt et devient un familier de la princesse Mathilde Bonaparte pour laquelle il réalise plusieurs peintures.

Charles Giraud affectionne les vues d’intérieur et plus particulièrement les scènes d’atelier. Dès son premier Salon en 1839, il expose Un intérieur d’atelier de peintre, thème récurrent dans ses toiles exposées au Salon sous le Second Empire. Son ami Théophile Gautier écrit en 1861 : « Nul ne sait mieux que lui exprimer harmonieusement les mille détails d’un atelier ou d’un cabinet artistique : tableaux, potiches, statuettes, armures, vieux bahuts, tapisseries passées de ton, tout le curieux monde du bric-à-brac ». La représentation de ces espaces de travail aux décors saturés donne à Giraud l’occasion de se mettre en scène seul ou avec son frère aîné. 

Si nous savons que le peintre voyage toute sa vie et retourne plusieurs fois en Italie, ses paysages sont pourtant rares. L’un d’eux, situé dans le Tyrol italien, transpose son goût pour les scènes d’atelier dans un espace extérieur. Au cœur des montagnes, au pied d’un pont de pierre sous lequel coule un ruisseau, un artiste se repose, allongé dans l’herbe, en regardant sa toile. Le décor, à la perspective fermée par les arbres, entièrement traité en vert et brun, donne le vertige. Deux figures tout juste esquissées regardent l’artiste depuis la hauteur du pont. L’homme, élégamment vêtu d’un pantalon crème et d’une veste bleue, porte une barbe noire. Très probable autoportrait projeté du peintre alors qu’il a une quarantaine d’années, l’œuvre propose un amusant effet de mise en abyme. Telle une miniature intégrée au cœur du sujet, la toile posée sur un chevalet renvoie à la fois au motif pris sur nature et au résultat final de l’œuvre dans sa matérialité. Un cartel sur le cadre d’origine indique, en plus du sujet et du nom de l’auteur, la mention « Hors concours » qui suggère son exposition officielle. L’œuvre ne semble cependant apparaître dans aucun livret du Salon.

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