Prosper LAFAYE (1806-1883)

Portrait présumé de Sophie Coppée (1827-1902), épouse du peintre, dans leur appartement, vers 1852
Huile sur toile
32,5 x 38,5 cm

Vendu

Fils d’un maçon bourguignon, Prosper Lafaye quitte ses parents à quatorze ans pour s’installer chez son oncle maternel à Paris en 1820. Après plusieurs années d’apprentissage dans divers ateliers, il devient le collaborateur du peintre Auguste Couder puis de Jean Alaux avec lequel il travaille sur des œuvres de grand format destinées au nouveau musée de l’Histoire de France à Versailles. Lafaye fait ses débuts au Salon de 1836 en exposant un Intérieur d’appartement gothique et devient rapidement un proche des Orléans. En 1842, le roi Louis-Philippe lui commande un portrait posthume de sa fille cadette, la princesse Marie d’Orléans, décédée trois ans plus tôt. Sur la toile, la jeune femme, ancienne élève du peintre Ary Scheffer et sculptrice accomplie, est représentée dans son élégant salon gothique du palais des Tuileries, entourée de certaines de ses œuvres. Le décor du salon réalisé par l’architecte Théodore Charpentier, un ami de Prosper Lafaye, est restitué dans les moindres détails. Le peintre vit alors rue Saint-Lazare dans le quartier récemment aménagé de la Nouvelle Athènes. À partir de 1845, il commence à s’intéresser à l’art du vitrail qui devient peu à peu son activité principale et reçoit de nombreuses commandes de restauration pour des églises parisiennes. En 1851, alors qu’il doit participer à l’Exposition universelle de Londres, Lafaye décide d’employer deux collaboratrices pour l’assister dans son travail : Annette et Sophie Coppée, deux sœurs du poète François Coppée. L’année suivante, le 20 avril 1852, il épouse Sophie qui a vingt-quatre ans. Le couple vit alors au 11, rue de l’Empereur – actuelle rue Lepic – à Montmartre. 

Au centre d’un salon chargé de meubles et de sculptures, une jeune femme habillée d’une robe rouge galonnée d’or se tient la jambe appuyée sur une chaise et parcourt les pages d’un livre enluminé. Sa posture, au centre de la composition, ainsi que le style du décor néogothique à caissons et vitraux, évoquent immédiatement le portrait de Marie d’Orléans dans son cabinet, peint par Lafaye en 1842. Selon une tradition familiale, les descendants du peintre possédaient une autre version de ce tableau représentant Sophie Coppée, veillant sur un nouveau-né. Le vitrail dans le couloir à l’arrière-plan, le vase posé sur une sellette ainsi que la plupart des sculptures y étaient similaires. Il est possible que cette seconde peinture suive de peu de temps la version où la jeune femme est représentée seule en train de lire. Ce salon exigu, probablement l’une des pièces de leur appartement à Montmartre, rappelle le style d’aménagement que Théodore Charpentier avait réalisé pour la princesse Marie d’Orléans. 

Prosper et Sophie Lafaye poursuivent ensemble leur travail de créateurs et restaurateurs de vitraux à Paris. Aucun de leurs quatre enfants, trois filles et un garçon, ne souhaite poursuivre la carrière de leurs parents et au décès de Prosper Lafaye en 1883, l’atelier de vitraux ferme définitivement ses portes. Sophie lui survit pendant dix-neuf années et meurt le 4 janvier 1902 à l’âge de soixante-quatorze ans.


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