Paul BAUDRY (1828-1886)

Étude pour Saint Pierre chez Marie, 1848
Huile sur toile
Signé, annoté et daté en bas au centre :
Paul Baudry – d’un tableau de loge – 1848

Acquisition du musée de La Roche sur Yon

Paul Baudry est né dans une famille modeste à La Rochesur-Yon le 7 novembre 1828. Son père sabotier ne s’oppose pas à sa vocation précoce et le laisse étudier le dessin au lycée de Bourbon-Vendée. Son premier maître, le peintre Antoine Sartoris, reconnaît rapidement le talent de son élève et sollicite pour lui une bourse d’étude auprès du conseil municipal. Grâce à celle-ci, le jeune Paul peut quitter sa Vendée natale à tout juste seize ans et entrer à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1844. Dès son arrivée dans l’atelier du peintre Michel-Martin Drolling, Baudry se fixe pour objectif de remporter le Grand Prix de peinture. Il participe sans exception à tous les concours de l’atelier et se fait positivement remarquer par son nouveau maître. Durant l’année 1846, son travail acharné est récompensé par de nombreux prix avant qu’il ne soit admis l’année suivante à concourir pour le Prix de Rome de peinture d’histoire. Cette première participation sur le sujet de La Mort de Vitellius est immédiatement couronnée par un second Grand Prix qui fait de lui l’un des meilleurs espoirs de l’École. En 1848, il est admis à « monter en loges » et semble plein d’optimisme à l’approche de la nouvelle épreuve du concours. Le 21 mai, il écrit à ses parents : « j’aurai le premier prix ou rien ». Cependant le doute s’installe à l’annonce du nouveau sujet : l’apôtre Pierre qui a pu quitter sa prison grâce à l’intervention d’un ange se rend chez Marie où sont réunis tous les fidèles du Christ. Ce thème de Saint Pierre chez Marie ne l’inspire pas du tout. Il le juge dans une autre lettre à sa famille, « insignifiant, à l’eau de rose et à la fleur d’oranger ». Nous connaissons sa composition grâce à un dessin sur calque conservé à l’École des Beaux-Arts. Le saint qui entre dans la maison de Marie apparaît devant les fidèles qui, surpris, s’agenouillent devant lui. Malgré un travail sans compromis, son œuvre déçoit, comme celles des autres concurrents. Aucun premier prix n’est décerné cette année-là : Gustave Boulanger et William Bouguereau se partagent un deuxième prix ex-aequo alors que Baudry n’est pas cité dans les premiers rangs. De déception, il détruit son tableau et n’en conserve que les parties qui trouvent grâce à ses yeux. C’est le cas de ce visage d’homme à la barbe rousse. La figure du fidèle, représenté les yeux levés vers le ciel, se détache sur un fond sombre. L’expression saisie par le peintre avec une grande justesse explique que celui-ci n’ait pas réussi à détruire ce morceau de bravoure. Une fois découpée, Baudry a pris soin de signer son œuvre et de la titrer par la sombre mention « d’une peinture faite en loge ». Après un nouvel échec en 1849, Paul Baudry remporte enfin le concours en 1850 et peut se rendre à Rome. Là, débute une carrière qui trouvera son point d’orgue vingt ans plus tard avec la réalisation des décors du foyer de l’Opéra de Paris à la demande de l’architecte Charles Garnier.

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