Marie-Philippe COUPIN de la COUPERIE (1773-1851)

Aliénor d’Aquitaine et Rosemonde Clifford, vers 1826
Huile sur papier marouflé sur toile
33 x 27 cm
Cadre d’origine avec mention du nom de l’auteur sur le cartouche
Porte le cachet de cire de la collection du marquis Emmanuel de Pastoret au revers sur le châssis

Vendu

Marie-Philippe Coupin de la Couperie est l’un des principaux représentants de la peinture troubadour en France dans la première moitié du XIXe siècle. Formé dans l’atelier de Girodet dont il devient l’un des élèves favoris, Coupin expose régulièrement au Salon et travaille pour la manufacture de Sèvres. Proche des Bonaparte, il côtoie l’impératrice Joséphine qui avait acquis sa première toile exposée au Salon de 1812, Les Amours funestes de Francesca da Rimini. À la chute de l’Empire, Louis XVIII et la duchesse d’Angoulême, qui apprécient ses œuvres, ne lui tiennent pas rigueur de sa proximité avec l’ancienne impératrice. Puisant son inspiration dans les récits historiques et légendaires du Moyen Âge, son style montre un souci constant de vraisemblance dans le traitement des costumes et des accessoires. Ses sources, qui vont de Dante à Walter Scott, en passant par les pièces à la mode jouées sur les scènes parisiennes, alternent entre épopées à l’esprit chevaleresque et tragédies romantiques. 

En 1826, la Comédie-Française programme une pièce nouvelle d’Émile de Bonnechose : Rosemonde. L’œuvre s’inspire d’un épisode légendaire de l’histoire anglaise du XIIe siècle. Rosemonde Clifford fut la maîtresse favorite d’Henri II qui l’installe dans le château de Woodstock pour la préserver de la jalousie de la reine Aliénor. Censé être rendu inaccessible par un labyrinthe, l’endroit est pourtant le théâtre d’un drame. Parvenant à déjouer la sécurité, la reine trouve Rosemonde en son château et lui offre le choix de s’ôter la vie par le poignard ou le poison. Coupin de la Couperie illustre le moment où la reine, accompagnée de deux de ses servantes, contraint la belle Rosemonde à se donner la mort. Dans un souci de cohérence historique, le peintre multiplie les détails qu’il emprunte au vocabulaire esthétique médiéval : porte de style roman et plafond gothique, mobilier et instruments de musique anciens, armoiries ornées d’un lion et costumes. La figure de la reine, un couteau à la main, semble s’inspirer de plusieurs portraits présumés de Lucrèce Borgia alors que la servante évoque l’une des sculptures hurlantes de Niccolò dell’Arca à Bologne. L’ensemble de la composition reprend les caractères généraux des Amours funestes de Francesca da Rimini : un groupe principal au centre et une ouverture sur la droite avec figure secondaire. En outre, la lyre médiévale à table d’harmonie circulaire accrochée sur la gauche se retrouve à l’identique dans Christine de Pisan assise sur un balcon, autre œuvre de l’artiste. Le sujet, bien que relativement rare, est traité par deux autres peintres troubadours : Raymond Monvoisin en 1827 et Louis Ducis en 1831.

Cette œuvre entre rapidement dans la collection du marquis Emmanuel de Pastoret (1755-1840) dont elle porte le cachet au revers. Sans être resté dans les mémoires comme un important collectionneur, ce dernier, ministre de Charles X et pair de France, fut portraituré par Paul Delaroche en 1829.

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