Louis Eugène CHARPENTIER (1811-1890)

La Délivrance de Mazeppa, vers 1840
Huile sur toile
32 x 43,5 cm
Signé en bas à gauche Eugène Charpentier. 
Provenance : vente anonyme, Paris, hôtel Drouot, Me Maurice Delestre, 12 février 1876, n° 16 (sous le titre « Mazeppa »)

Vendu

Formé dans les ateliers du baron Gérard et de Léon Cogniet, Eugène Charpentier débute au Salon à l’âge de vingt ans. Au cours de sa longue carrière, il reçoit plusieurs médailles et exposera même ses toiles à Londres en 1874. Son œuvre peint est principalement composé de scènes de batailles napoléoniennes ainsi que de quelques portraits. Certaines de ses toiles sont aujourd’hui conservées dans les musées de Boulogne-sur-Mer, Versailles, Lyon, Rouen, Troyes ou encore du Havre. 

Âgé d’une trentaine d’années, l’artiste s’attaque à la représentation d’un épisode romantique alors très en vogue. Déjà évoqué par Voltaire au XVIIIe siècle, le supplice de Mazeppa attaché à un cheval est popularisé par les écrits de lord Byron puis de Victor Hugo. L’histoire romance en réalité la vie d’Ivan Stepanovich Mazeppa, un jeune page d’une grande beauté et d’une grande sagacité, né en 1644 dans la principauté de Kiev. Un temps courtisan du roi de Pologne Jean II Casimir, Mazeppa fut accusé d’adultère puis, selon la légende, attaché au dos d’un cheval sauvage censé l’emporter vers la mort au travers des steppes ukrainiennes. Finalement retrouvé par une jeune Cosaque, l’homme eut la vie sauve. Plus tard, lors d’une visite à Moscou en 1687, il s’attire la faveur du tsar Pierre le Grand qui le nomme hetman des Cosaques. En 1706, il trahit le tsar et rejoint avec ses troupes le camp du roi Charles XII de Suède. Suite à la défaite de ce dernier à la bataille de Poltava en 1709, Mazeppa fuit vers la Moldavie et meurt peu de temps après d’épuisement.

Théodore Géricault est sans doute le premier à représenter la scène de la punition du noble Cosaque. Par la suite, Eugène Delacroix (1824), Horace Vernet (1826) puis Louis Boulanger (1827) s’intéressent eux aussi au sujet. En choisissant de traiter ce thème, Charpentier se place dans la lignée des grands noms du romantisme mais innove en décidant de représenter non pas l’épisode de la course folle, le plus dramatique de la légende mais, à l’instar de Chassériau en 1851, la délivrance du héros. La scène représentée transmet une sensation de quiétude et témoigne de la volonté de l’auteur de représenter la nature ukrainienne telle qu’il avait pu l’étudier pour peindre les batailles de Napoléon en Europe de l’Est. Eugène Charpentier fait le choix de rester fidèle au texte de Byron en soulignant le geste impuissant de la jeune Cosaque et l’envol des oiseaux.

Retour en haut