Jules LAURE (1806-1861)

Orientales dans un harem, vers 1855-1860
Huile sur carton
40 x 27 cm
Signé en bas à droite J. Laure

Acquisition par le musée Hébert, La Tronche

Jules Laure eut pour maître Jean-Auguste-Dominique Ingres. Ce dernier qui fut toujours fasciné par l’Orient sans jamais l’avoir visité ne pouvait que le fantasmer. De La Baigneuse Valpinçon peinte en 1808 jusqu’au célèbre Bain turc, l’œuvre du maître de Montauban est ponctué de belles odalisques. Dès 1806, à son départ pour l’Italie, il recopie dans ses carnets une description des bains du sérail, puis en 1825 certains passages des Lettres d’Orient de Lady Mary Montagu. Ingres semble avoir été particulièrement marqué par la Description du bain des femmes d’Andrinople : « De belles femmes nues dans des poses diverses… Les unes conversant, les autres à leur ouvrage, d’autres encore buvant du café ou dégustant un sorbet, et beaucoup étendues nonchalamment, tandis que leurs esclaves (…) s’occupaient à natter leur chevelure avec fantaisie. » Jules Laure, originaire de Grenoble, fut l’un des premiers et plus fidèles élèves d’Ingres. Peintre reconnu sous la monarchie de Juillet, puis pendant le second Empire, il participe régulièrement au Salon et reçoit plusieurs commandes officielles. Proche de la femme de lettres Flora Tristan et adepte du saint-simonisme depuis le début des années 1830, il fréquente toujours l’atelier de son vieux maître au milieu des années 1850. À cette époque, il peut voir Ingres travailler sur l’une de ses toiles les plus surprenantes. Ébauché dès 1852, Le Bain turc, véritable testament esthétique, ne sera achevé qu’en 1862, après la mort de Jules Laure. Peinture hommage, émaillée de références à l’œuvre de son maître, ces Deux femmes dans un harem témoignent de l’indéfectible admiration de Jules Laure pour Ingres. Au centre de la composition en hauteur, une jeune femme se tient debout, nue, les bras levés et se recoiffe en ignorant la présence du spectateur. Derrière elle, une seconde odalisque, étendue sur un sofa rouge brique, s’est endormie. Seuls deux éléments du décor prétexte, une table turque et une théière en cuivre, permettent au peintre de situer la scène dans un contexte oriental. Si la première figure reprend sans les copier le geste et le déhanchement de La Source exposée par Ingres en 1856, la seconde épouse l’une des premières postures de la femme assise à droite dans Le Bain turc.

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