Jean Victor BERTIN (1767-1842)

Tivoli, vue prise en amont de la Cascata Vecchia, 1806
Huile sur toile d’origine
41 x 35 cm
Sur le châssis d’origine, une étiquette ancienne indique :
Bertin, maître de Corot

Acquisition du Nationalmuseum de Stockholm

 

Si l’œuvre de Jean-Victor Bertin évoque l’Italie dès ses premières peintures, l’artiste ne franchit les Alpes que tardivement, à l’âge de trente-neuf ans. Suivant les recommandations de son maître qui invitait ses élèves, tel un impératif, à se rendre « dans la Sabine, […] voir la ville de Tivoli », Bertin découvre les lieux qu’il avait pu imaginer au travers des gravures et des peintures de ses illustres prédécesseurs. Laissant de côté le Temple de Vesta, les grandes cascades, la grotte de Neptune, la villa d’Este et ses jardins ainsi que l’antique villa d’Hadrien, il choisit ici de représenter un quartier modeste à l’écart des sites emblématiques de la petite cité. Bertin, installé sur la rive droite de l’Aniene, s’intéresse au quartier qui s’étage en amphithéâtre face à lui. La composition au cadrage serré invite le regard à s’élever et tempère la frontalité de la vue. Au premier plan une jeune Tiburtine prie à genoux au pied d’un oratoire. Ce petit monument, dont la peinture centrale représente une vierge à l’enfant, est parfois associé à San Giacinto, protecteur de la cité contre les inondations. Cet édicule souvent représenté par les peintres a disparu en novembre 1834 après la construction du Ponte Gregoriano. Plus haut, le linge étendu, la fumée d’une cheminée, les lavandières se rendant au lavoir, sont autant d’évocations de la vie quotidienne du village. Le jeu subtil de la lumière et des ombres distribuées avec rigueur sur les maisons les transforme en modules géométriques, dans une vision « cubisante ». La riche palette de plans ocre se découpant sur le bleu d’un ciel limpide accentue encore l’effet de relief. Ces lieux tels que représentés par Bertin revêtent également une valeur documentaire tant le site a subi de modifications depuis plus de deux siècles. Bertin aimait multiplier les répliques de ses tableaux préférés en y changeant d’infimes détails. L’existence attestée de plusieurs versions autographes, pratiquement identiques, permet d’imaginer que l’artiste conserva dans son atelier, en bonne place, l’une de ses vues de Tivoli, tant son influence sur l’œuvre de Corot (son élève) apparaît sensible dans ses premières œuvres italiennes.

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