Jean GRANDJEAN (1752-1781)

Étude d’homme de profil, 1780
Huile sur toile
49,5 x 40 cm
Signé, localisé et daté au verso : I. Grandjean Pinx : ROMA Ao 1780
Provenance : collection Andrea Cavanna, Rome (1968) ; collection particulière, Amsterdam

Jean Grandjean est un artiste néerlandais qui doit son nom à ses ancêtres huguenots réfugiés aux Pays-Bas. Né en 1752 à Amsterdam, il se forme dès son plus jeune âge au dessin topographique puis à l’art de l’émail. À dix-neuf ans, il s’inscrit à l’Académie d’Amsterdam où il peut suivre les cours de Jurriaan Andriessen avant d’intégrer l’atelier privé de ce der- nier l’année suivante. D’abord attiré par le paysage arcadien, Grandjean, fort de plusieurs prix honorifiques à l’école et sous l’influence du mouvement néo-classique naissant, ambitionne de devenir peintre d’histoire. En 1775, il peint une toile représentant Antiochus et Stratonice, qui attire sur lui tous les regards ; en France, un an plus tôt, le peintre Jacques- Louis David venait de remporter le Prix de l’Académie sur le même sujet. Soutenu financièrement par plusieurs riches collectionneurs, le jeune peintre prépare son départ pour l’Italie et arrive à Rome dans le courant de l’été 1779. Durant son séjour, Grandjean reçoit la protection du cardinal Albani et reprend ses études auprès du sculpteur Alexander Trippel. Il intègre la communauté des artistes allemands parmi lesquels Wilhelm Tischbein et Franz Kobell et semble avoir égale- ment fréquenté David qui est en Italie à cette époque.

Le peintre dessine beaucoup d’après le modèle vivant et parcourt les environs de Rome à la découverte des paysages du Latium. À la même époque, il travaille sur un ensemble de dessins devant illustrer la vie de Germanicus, qui, gravé par différents artistes et publié à Amsterdam par Pieter Meyer, montre l’affirmation de son style néo-classique. Plusieurs dessins et quelques tableaux attestent du goût de Grandjean pour les compositions religieuses dont certaines ont dû res- ter inachevées ou sont encore à découvrir. Datée de 1780 et localisée à Rome, l’Étude d’homme de profil pourrait être préparatoire à l’une de ces œuvres. Sur un fond brossé en brun d’un geste rapide se détache le profil d’un jeune homme à la barbe légère et aux cheveux bouclés. Le menton appuyé sur sa main, le modèle regarde vers sa gauche et entrouvre les lèvres, comme surpris. Un large drapé de toile d’où dépasse un fin col blanc lui donne l’aspect d’un apôtre écoutant le Christ. La finesse et la virtuosité du rendu des carnations et du regard contrastent avec la rapidité d’exécution de l’arrière-plan proche de la manière de David à cette époque.

L’année suivante, Jean Grandjean meurt alors qu’il n’a pas encore atteint sa trentième année. Selon les commentaires de l’époque, son corps est porté par ses plus fidèles amis à la lumière des flambeaux jusqu’au pied de la pyramide Sextius avant d’être enseveli dans le cimetière protestant de Rome. Pour payer les funérailles, ses proches durent envoyer les œuvres restées dans son atelier jusqu’à Amsterdam, où elles furent vendues. Illustre représentant de l’école néo-classique hollandaise, Grandjean – dont la mort précoce aida à l’oubli – ouvrit la voie à de nombreux artistes tels que Daniel Dupré, Hendrik Voogd et Josephus Augustus Knip qui sui- virent ses traces en Italie.


Retour en haut