Gustave COURTOIS (1852-1923)

Artisan ciselant un vase, vers 1885-1890
Verso : Artisan dessinant 
34 x 26,5 cm
Pierre noire sur papier bleu
Signé en bas à droiteGustave Courtois 
Dédicacé en bas à gauche à Michel de Grammont en souvenir de son maître et ami Gustave Courtois PAJ Dagnan-Bouveret
Provenance : vente anonyme, Paris, hôtel Drouot, Thierry de Maigret, 18 juin 2009, n° 140 (sous le titre Le Graveur)

Vendu

Fils d’un garçon charcutier et d’une blanchisseuse, Gustave Courtois grandit à Pusey, une petite ville de Haute-Saône. À Vesoul, où il est scolarisé, son talent précoce est remarqué par l’un de ses professeurs qui le fait entrer à l’école municipale de dessin. À dix-sept ans, il rencontre le célèbre peintre Jean-Léon Gérôme, lui aussi natif de Vesoul, qui, en voyant ses dessins, l’invite à s’inscrire dans son atelier de l’École des Beaux-Arts. À Paris, il retrouve le jeune Pascal Dagnan-Bouveret originaire comme lui de Haute-Saône. Les deux amis ne se quitteront plus et s’installent dans un appartement au numéro 53 de la rue Notre-Dame-des-Champs. Ensemble, ils exposent pour la première fois au Salon en 1875. Ouvertement homosexuel, le peintre entretient à cette époque une liaison avec Carl Ernst von Stetten, un autre élève de Gérôme, d’origine allemande. 

Sur une feuille de papier bleu, Gustave Courtois saisit à la pierre noire la silhouette d’un jeune homme assis nonchalamment à une table d’atelier. Le modèle, dont les traits rappellent ceux de von Stetten, regarde un petit vase qu’il tient dans sa main. Il semble étudier la pièce avant de vouloir l’inciser à la pointe d’un stylet. Au revers, l’artiste a esquissé un second motif. L’artisan a tourné sa chaise, le dossier collé à l’établi sur lequel il s’apprête, songeur, à dessiner. Dans cette esquisse, le modèle aux larges épaules et à l’épaisse chevelure bouclée, a retiré sa chemise et ne porte plus qu’un gilet sur ses bras dénudés. Ces deux dessins, probablement tracés vers 1890, portent une dédicace beaucoup plus tardive qui n’est pas le fait de Courtois. Son ancien compagnon d’atelier, Pascal Dagnan-Bouveret, a offert cette feuille après la mort de son ami en 1923. La mention « en souvenir de son maître et ami Gustave Courtois » s’adresse à Michel de Grammont. Ce dernier, qui selon Pascal Dagnan-Bouveret fut l’élève de Courtois, n’a que vingt-deux ans à la mort de l’auteur de ces dessins. 

La fascination de Gustave Courtois pour le corps masculin transparaît dans les œuvres qu’il expose au Salon tout au long de sa carrière. Après Carl Ernst von Stetten, l’artiste prit pour modèle le sculptural athlète d’origine suisse, Maurice Deriaz, qu’il fit poser pour illustrer Hercule ou Persée dans ses toiles aux sujets mythologiques prétextes.

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