Gustave COURTOIS (1852-1923)

Narcisse, vers 1876-1877
Au revers étude pour Dante aux enfers
Pierre noire et craie blanche sur papier
15 x 36,5 cm à vue
Annoté en bas à droite Esquisse du Gustave Courtois pour le «Narcisse» du musée de Marseille (Salon de 1877) – Certifié authentique par son élève Robert Fernier
Cachet non identifié au revers

Vendu

Le beau Narcisse meurt de s’être trop aimé ; / Il se mire dans l’eau ; son œil est vague et tendre ; / Des bruits de la forêt il ne veut rien entendre, / Et de sa propre vue il demeure charmé. (…) / Et c’est en souriant qu’il se sent expirer.
                                                                                              Charles Grandmougin

Ces quelques vers de Charles Grandmougin sous-titrent dans le livret du Salon de 1877 le Narcisse qu’expose Gustave Courtois et qui est aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Marseille. Le poète et le peintre ont tous les deux fait leur scolarité à Vesoul et se sont retrouvés à Paris. Grandmougin publia deux de ses poèmes dans le troisième et dernier volume du Parnasse contemporain en 1876, quand Courtois travaillait sur son sujet daté de la même année. Narcisse est une figure récurrente de l’histoire de l’art dont le thème tiré des Métamorphoses d’Ovide inspire les artistes depuis l’antiquité. Le mythe raconte l’histoire d’un jeune homme dont la beauté était telle, qu’épris de lui-même, il finit par mourir de regarder son re et dans l’eau. Les dieux de l’Olympe par pitié pour son sort lui offrirent l’immortalité sous la forme d’une fleur blanche qui porte son nom : le narcisse.

Au Louvre, Courtois put admirer Écho et Narcisse peint par Nicolas Poussin au début du XVIIe siècle. Sur un grand dessin préparatoire, le peintre dont l’attention est concentrée sur le corps du jeune Grec, choisit d’imiter l’exacte position du torse telle que visible dans la toile peinte en 1628 par le maître classique. Il est facile d’imaginer son propre modèle s’allongeant sur un drap dans l’atelier et adoptant les gestes que lui dicte le peintre : la tête penchée, le bras droit étendu et le gauche rabattu sur son ventre. D’un geste de la main, Courtois esquisse les contours puis invente un contexte approprié en traçant autour de la figure une végétation imaginaire. Plus tard, au revers de la feuille, il ébauche la silhouette de Dante, première pensée pour une toile qu’il exposera en 1878 et dont la sévérité contraste avec la sensualité du corps abandonné de son Narcisse.

Gustave Courtois, fasciné par le corps masculin, est ou- vertement homosexuel. Sa relation intime avec Carl von Stetten, un jeune peintre d’origine allemande rencontré dans l’atelier de Gérôme, est vécue par les deux hommes avec une certaine liberté. Le fort intérêt du peintre pour la nudité masculine transparaît de plus en plus, sa carrière avançant. Ses œuvres les plus tardives exposent, au travers de sujets à la mythologie prétexte, la musculature sculpturale de Maurice Deriaz, un lutteur d’origine suisse qui devient au début du XXe siècle sa principale source d’inspiration.

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