Georges CLAIRIN (1843-1919)

Vendu

Sarah Bernhardt dans le rôle de Tosca, 1887
Pierre noire sur papier 
33,5 x 19 cm  
Dédicacé et signé en bas à gauche à mon ami Dussart / G. Clairin
Annoté en bas à gauche croquis fait pendant une des répétitions / de la Tosca

Vendu

Georges Clairin et Sarah Bernhardt (1844-1923) entretiennent, dans le dernier quart du XIXe siècle, une relation aussi forte que durable. Après avoir été amants, ils deviennent des amis inséparables. Muse et modèle pour le peintre, l’actrice trouve chez Clairin un conseiller fidèle et un professeur de dessin patient. Sarah Bernhardt, qui a débuté sa carrière à l’âge de dix-huit ans, enchaîne les succès jusqu’à devenir la plus célèbre comédienne de son époque. Elle alterne les rôles du répertoire classique dans des pièces de Racine et de Molière avec des créations contemporaines de Victor Hugo, d’Octave Feuillet et de Victorien Sardou. En 1887, ce dernier lui offre le rôle-titre de La Tosca, sa dernière pièce. 

L’œuvre, un mélodrame historique, est présentée pour la première fois le 24 novembre 1887 au théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris. L’histoire est celle de la chanteuse d’opéra Floria Tosca et de Mario Cavaradossi, dont l’amour est compromis par les manœuvres du baron Scarpia, le chef de la police. L’intrigue complexe, qui se déroule à Rome en 1800 sur fond de tension politique, pousse Tosca, dans la dernière scène du IVe acte, à poignarder Scarpia pour tenter de sauver la vie de Mario. Clairin assiste à l’une des répétitions et capture ce moment précis de la pièce sur le papier. L’actrice y est représentée debout dans une robe serrée sous la poitrine. À ses pieds, l’acteur qui joue le rôle de l’infâme Scarpia est allongé, inerte, et simule la mort. Sarah Bernhardt tient deux bougeoirs qu’elle va déposer religieusement près du corps de sa victime. De nombreuses photographies de la pièce sont prises le jour de la première. L’une d’elles reprend presque parfaitement la composition du dessin. Clairin a dédicacé la feuille à son ami Dussart. Ce dernier pourrait être le peintre Léon Dussart, un ancien élève de Paul Delaroche, né en 1824. 

La pièce de Victorien Sardou a ses détracteurs mais connaît un immense succès dès le jour de la première. Sarah Bernhardt, très attachée à ce rôle, l’interprétera à travers le monde jusqu’en 1913. Lors d’une tournée au Brésil, alors qu’elle joue Tosca une énième fois, l’actrice tombe et se blesse au genou. Cet accident aura pour conséquence, des années plus tard, l’amputation de sa jambe malade. Opérée en 1915, la tragédienne ne quitte pas les planches pour autant et continue de monter sur scène où elle joue assise dans un fauteuil. Georges Clairin a souvent peint son amie dans ses costumes de scène, mais son portrait le plus célèbre reste celui où la grande Sarah est assise sur un canapé, un lévrier à ses pieds. Cette toile, datée de 1876, est aujourd’hui exposée au Petit Palais à Paris.