Gaston CÉLARIÉ (1854-1931)

Le Mannequin jaune, 1896
Pastel
68 x 39,5 cm
Signé en bas à gauche G. Célarié – 96.

Vendu

Dans le recoin d’un atelier, le peintre a disposé un man- nequin dans un fauteuil. Habillé d’une ample robe jaune, la figure de bois tient un violon. Nul besoin de l’affubler d’une perruque : seuls la pose et le costume intéressent l’artiste. En l’absence du modèle, le personnage articulé permet d’étudier sans impatience les plis et replis du tissu en même temps que les détails des accessoires. Plus tard, le visage et la coiffure de la commanditaire viendront s’ajuster à la composition. Lors de cette séance de travail nécessaire, Gaston Célarié fut captivé par l’étrange nature de l’installation. Abandonnant la préparation de son sujet, il saisit un nouveau support, puis en piochant dans sa boîte de pastel offre au mannequin, par destination invisible, le premier rôle d’une œuvre imprévue. Sur la feuille, ce qui n’est jamais censé apparaître, apparaît : le modèle immobile s’est affaissé sur son assise, l’archet a glissé de sa main ; l’un de ses congénères, à même le sol, attend une future mise en scène. Tout autour le décor de l’atelier montre un miroir au cadre baroque et plusieurs petits portraits déjà achevés.

S’il conserve une petite notoriété dans la région du sud- ouest de la France où il passa la plus grande partie de son existence, Gaston Célarié semble par ailleurs totalement oublié. Sa vie possède pourtant tous les détails romanesques qui fascinent traditionnellement les biographes. Né en 1854 à Los Angeles, Gaston avait pour père un aventurier originaire de Montauban venu chercher fortune en Amérique. Son enfance fut celle des colons, faite d’incertitudes et de dangers quotidiens. Il semble que par le hasard des circonstances, à l’adolescence, il travailla chez un orfèvre californien auprès duquel il s’initia au dessin et à la gravure. À 23 ans, probablement lassé par une vie précaire, il décida de traverser l’océan pour trouver refuge chez une tante installée à Montauban. Très rapidement, il s’inscrit à l’école des Beaux-Arts de Toulouse et reçoit plusieurs récompenses aux différents concours. En 1879, il remporte le grand prix municipal, puis sur recommandations de ses maîtres, se rend à Paris et fréquente les ateliers de Jean-Léon Gérôme, Jean-Paul Laurens et Fernand Cormon. Là, il poursuit sa formation et retrouve certains de ses compagnons toulousains. Henri Martin le surnomme alors l’Américain. À partir de 1882, il expose régulièrement au Salon et participe à plusieurs expositions à Toulouse et à Carcassonne. La rude concurrence parisienne s’ajoutant à des problèmes financiers, le peintre quitte la capitale et retourne s’installer définitivement à Montauban. Loin du tumulte, il se consacre à son art et fonde une école de dessin. Pendant le premier du tiers du XXe siècle, les villes et paroisses de sa région lui commandent des décors, des vitraux et des peintures dont la plupart sont toujours visibles aujourd’hui dans le Tarn-et-Garonne, département où le peintre s’éteint en 1931.

Nous remercions, Monsieur Diego Lara, directeur du musée La Villa des peintres à Montricoux, pour son aide précieuse dans la rédaction

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