François-Auguste BIARD (1798-1882)

Le Peintre classique, 1846
Huile sur toile
25 x 20 cm
Signé en bas à gauche BIARD
Exposition : Salon de 1846

Vendu

Peintre d’origine lyonnaise, François-Auguste Biard expose pour la première fois au Salon de Paris en 1824 avant de recevoir une médaille d’or en 1827. Attiré par les voyages, il part à la découverte de l’Italie, de la Grèce et du Levant, puis participe en 1839 à l’expédition dirigée par Paul Gaimard au Spitzberg et en Laponie. De ce voyage long et difficile, il tire ses toiles les plus spectaculaires : ses chasses à l’ours et au renne qui mêlent le caractère fantastique des paysages polaires à des scènes d’une grande force dramatique, lui assurent alors un immense succès public. Capable de varier les sujets dans des formats allant de l’immense au tableau de cabinet, alternant scènes de genre moralistes pleines d’humour et paysages spectaculaires, Biard expose chaque année un grand nombre d’œuvres au Salon. Pour l’édition de 1846, il ne présente pas moins de huit peintures. Ses Naufragés attaqués par un requin conservent le souvenir de son voyage avec Gaimard alors que Un Dessert chez le curé et Le Repos après le bain cherchent à répondre aux attentes de la bourgeoisie louis-philipparde. Une autre œuvre cependant, malgré son format réduit, attira les regards du public et les commentaires des critiques. C’est le cas de Baudelaire qui semblait vouloir ranger cette dernière œuvre, non sans humour, dans la catégorie des « tableaux spirituels ». Reproduite par la gravure dans le journal L’Illustration, cette petite toile titrée Le Peintre classique est une caricature peinte, un genre assez rarement représenté au Salon. Avec un grand souci du détail, Biard installe au centre de sa composition la figure d’un peintre officiel en fin de carrière. Coiffé d’un casque militaire aux plumes et décors exubérants, il prend la pose devant le miroir d’une psyché. Derrière lui, disposée sur un haut chevalet à col de cygne, son œuvre en cours de réalisation illustre un épisode épique de l’histoire antique. Sur la droite le personnage principal, peut-être Alexandre à la bataille d’Issos, s’anime péniblement, affublé du même couvrechef théâtral que son auteur. Ce casque, véritable sujet de l’œuvre trois fois répété par jeu de mise en abyme, peut évoquer pour l’amateur d’aujourd’hui les origines du qualificatif « pompier ». Utilisé pour définir certains peintres de l’époque, il visait en particulier les membres d’un mouvement qui naît précisément en 1846 : les néo-grecs. En voulant renouveler le goût de l’antique en opposition au romantisme, ce groupe de jeunes artistes issus de l’atelier de Paul Delaroche fut la cible régulière des moqueries. Les casques dont ils couvraient leurs personnages ressemblaient tant à ceux des pompiers de Paris que le terme finit par leur être associé. Sans chercher à railler un artiste en particulier, Biard dut jouer du même rapprochement vestimentaire pour construire sa charge avec malice.

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