Eugène LAMI, Paul DELAROCHE et divers

Salon de Madame Lami de Nozan en 1831
Crayon et aquarelle
21,7 x 14,8 cm
Cartel au revers de l’encadrement précisant l’identité des modèles
Provenance : famille Lami de Nozan, puis par descendance

Vendu

Sur une page blanche se superposent et se croisent différents portraits, de face, de pro l, de trois quarts ; debout, en pied ou assis dans un fauteuil ; des hommes, une femme, trois enfants, un chien, une théière, « Mlle La Tasse », « Mme La Bergère », un verre baptisé « L’indispensable » et « La tartine du voyageur ». Les espaces et interstices laissés vides par le crayon sont comblés par des prénoms, des mentions ou des numéros qui renvoient à un cartel détaillant l’identité des modèles. Sous le titre Salon de Madame Lami de Nozan en 1831 est précisé « croquis faits les uns par les autres par les habitués de l’atelier d’Horace Vernet ».

Constance Lami de Nozan, hôtesse de ce salon, est l’épouse d’Ernest Lami de Nozan. Tous deux sont représentés en haut de la page, elle assise, lui debout devant son fauteuil. Sur le registre inférieur, on reconnaîtra au centre le peintre Eugène Lami, jeune frère du maître de maison dont le portrait de face, er et élégant, est certainement dû au crayon de Paul Delaroche représenté lui-même, plus er encore, de pro l en bas vers la droite. Se trouvant sûrement trop statique ou trop sévère, le modèle a jugé nécessaire d’ajouter sous son portrait la mention « pro l de carton ». Jules Delaroche, frère aîné du précédent, fut lui aussi peintre d’histoire avant d’abandonner la carrière pour prendre la direction du Mont-de-Piété. Nous le retrouvons de pro l, souriant et regardant Eugène Lami. Ce jour-là, Jules était venu avec son ls Yo-Yo croqué en bas de la page par son oncle. Les deux autres enfants, au centre, sont ceux des propriétaires des lieux. Arthur, qui comme son père fera carrière dans l’administration des télégraphes, n’a alors que cinq ans. Sa sœur Anna, huit ans et demi, s’inscrit dans un carré de papier collé par l’arrière de la feuille qui lui réserve le privilège d’un fond en couleur. Charles Sauvageot, violoniste et collectionneur, le peintre Pierre-Jules Jollivet ainsi que sous différents numéros, Messieurs Guyot, Dessains, Diego et Millot complètent le groupe.

Il est difficile de déterminer qui sont les auteurs de chacun des portraits composant cet ensemble. La technique de Paul Delaroche semble se retrouver dans le portrait de Yo-Yo et probablement dans celui d’Eugène Lami, dont il réalisera trois ans plus tard au pastel un autre portrait très proche de celui-ci. On peut ensuite imaginer qu’Eugène rendit la politesse à Paul et se chargea de son « pro l de carton ». Ce touchant témoignage de la société artistique et culturelle du début des années 1830 nous invite à pénétrer dans l’intimité d’un groupe d’amis. L’image souvent sévère et figée des peintres dits académiques cède la place aux sourires espiègles d’éternels enfants, le temps d’un dessin.

Retour en haut