Charles-Marie BOUTON (1781-1853)

Salle souterraine, vers 1824
Huile sur carton
21 x 27,5 cm
Signé en bas à gauche Bouton
Provenance : galerie Thomas Agnew & Sons, Londres

Acquis par la société des amis du Monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse

Charles-Marie Bouton revendiquait de n’avoir jamais eu de maître, même si plusieurs de ses biographes le disent élève de Jacques-Louis David et de Jean-Victor Bertin. Son style, proche de celui de François-Marius Granet et d’Auguste de Forbin, marque également l’influence lyonnaise des premiers troubadours tels que Pierre Révoil et Fleury-Richard. Comme de nombreux peintres de son temps, Bouton fut fasciné par le musée des Monuments français créé par Alexandre Lenoir en 1795. Il choisit d’exposer une vue de la « salle du XIIIe siècle » de ce musée pour l’une de ses premières participations au Salon en 1812. Cette œuvre fut achetée par Joséphine de Beauharnais pour le château de Malmaison. À partir de 1822, Charles-Marie Bouton s’associe à Louis Daguerre pour la création du Diorama. Constitué de gigantesques toiles translucides peintes, le procédé présente des paysages et des intérieurs d’églises ou de monuments dont l’aspect change en fonction de la lumière. Appelé polyorama panoptique par ses inventeurs, il connaît un très vif succès public. La collaboration avec Daguerre influence la production de Bouton, qui délaisse la précision au profit de l’effet, à la manière du Diorama. 

Sous les voûtes d’une vaste salle souterraine, un homme esseulé, canne à la main, s’est arrêté au pied d’un escalier. Il est dominé par une série de sculptures monumentales qui se dégagent des piliers tels des atlantes médiévaux. Deux d’entre elles soutiennent un immense drap blanc qui s’étale sur le sol. Ce premier espace à droite de la composition est largement éclairé sans que la source de la lumière ne soit visible. Dans la partie gauche, une large voûte surplombe la rivière souterraine qu’un ponton de bois permet de traverser. L’une des colonnes, manquante, fragilise la structure de l’édifice et accentue le caractère hostile des lieux. Au loin, un halo bleuté se diffuse depuis les différentes baies colorant la nuit d’une atmosphère fantastique. La scène, profondément théâtrale, nous fait attendre dans le silence inquiétant de ce décor le dénouement d’un drame dont on ne connaît ni les sources ni les développements. 

Tout en se consacrant avec Daguerre au Diorama, Bouton participe régulièrement au Salon. Les œuvres, telles que décrites dans les livrets, permettent quelquefois d’identifier un lieu ou une région mais sont le plus souvent issues de l’imaginaire gothique du peintre. L’époque de la Restauration en France emprunte à la mode anglo-saxonne une interprétation du goût troubadour dans ce qu’il a de plus noir : un monde de ruines des temps passés, d’où monstres et chimères s’échappent pour hanter les rois et chevaliers d’une époque réinventée.

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