Auguste BOUGOURD (1830-1917)

Ruines du château de Tancarville, vers 1850-1860
Huile sur papier marouflé sur panneau
35,5 x 45 cm
Annoté et titré au revers du panneau Bougourd/ Chat[eau] de Tancarville

Acquisition par la Fondation Custodia

Né à Pont-Audemer en Normandie dans une famille de négociants et de banquiers originaires de Honfleur, Auguste Bougourd reçoit durant son enfance des leçons de dessin et de piano. Il semble que, très jeune déjà, il fasse preuve d’un véritable talent de peintre qui incite ses parents à le laisser suivre une formation plus approfondie dans ce domaine. Après avoir étudié l’art du paysage classique auprès du peintre Jean-Joseph Bellel à Paris, le jeune homme rentre en Normandie à la mort de son père et se marie à vingt-trois ans avec la fille de l’architecte Charles Fortuné Louis Brunet-Debaines. Auguste, qui hésitait encore entre une carrière de peintre et de musicien, doit renoncer à ses ambitions artistiques pour prendre la succession de son père à la tête de l’entreprise familiale. Tout en assumant ses fonctions de négociant en cuir, le jeune chef d’entreprise continue de jouer du piano et réalise de nombreux paysages à l’huile et à l’aquarelle en parcourant la Normandie de Dieppe à Cherbourg.

Le château de Tancarville est une ancienne forteresse construite au XIe siècle dont les vestiges se dressent sur une falaise crayeuse dominant la Seine. Situé en Normandie, le site attire les voyageurs et les artistes épris du sentiment romantique qu’évoquent les ruines médiévales, popularisées par la publication des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France depuis le début des années 1820. Il semble qu’Auguste Bougourd ait parcouru à plusieurs reprises les trente kilomètres qui séparent Honfleur de Tancarville pour poser son chevalet face aux tours du château. Un tableau, présenté en vente publique à Drouot-Richelieu à Paris le 19 décembre 2008 (n° 8), montre l’intérêt du peintre pour le château. Ce dernier était daté par le catalogue de vente de 1851. Une autre vue du site, réalisée à l’huile sur papier et non datée, doit être légèrement postérieure. Son exécution montre une maîtrise qui témoigne d’un écart certain avec l’œuvre précédente. Les contours des deux parties du château découpent un ciel laiteux parsemé de nuages. Les couleurs des ruines, traitées subtilement grâce à un jeu d’ocre allant du crème à l’orangé, se mêlent avec délicatesse au camaïeu de vert utilisé pour restituer la végétation. L’artiste détaille avec minutie l’ensemble des éléments constituant le corps de bâtiment au premier plan sur la droite alors qu’il traite l’architecture à l’arrière-plan avec plus de synthétisme. Cette œuvre de jeunesse témoigne encore de l’influence de son maître Bellel tout en évoquant les plus belles études de Corot ou de Fleury en Italie. 

Auguste Bougourd ne fait ses débuts au Salon qu’en 1865, à l’âge de trente-cinq ans, mais y expose régulièrement jusqu’en 1887. Il participe également aux différents salons normands : Caen, Évreux et Rouen jusqu’en 1890. Après la mort de sa femme en 1896, le peintre séjourne souvent à Toulon chez sa fille et rend visite à ses fils qui se sont installés en Tunisie. La palette des dernières œuvres du peintre se réchauffe à la lumière des côtes méditerranéennes qui remplace peu à peu la fraîcheur des ciels de sa Normandie natale.

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