Antonio de LA GANDARA (1861-1917)

Le Boulevard, 1892
Pastel
25 x 12,5 cm
Exposition : galerie Durand-Ruel, Paris, mars-avril 1893 sous le n°42

Vendu

À la fin du XIXe siècle, les boulevards deviennent un haut lieu de la vie parisienne. Les grands travaux du Second Empire les ont imposés au cœur même de la ville, alors qu’ils ne servaient auparavant qu’à contourner la capitale. Sous la direction du baron Haussmann, les architectes transforment les anciens boulevards et inventent les nouveaux, pour leur donner l’aspect qu’ils ont encore aujourd’hui : de larges artères bordées d’immeubles alignés avec leurs balcons filants. Une fois la nuit tombée, les nombreux théâtres, cafés et restaurants attirent les Parisiens de la Belle Époque. Accrochés aux façades, des globes en verre émaillé éclairent d’une blanche lumière électrique les passants qui se pressent vers les terrasses couvertes des brasseries. Un arbre unique a perdu ses feuilles et au sol la neige prend des reflets bleu- tés. L’éclat doré des candélabres encore alimentés par le gaz évoque au loin des étoiles perdues trop bas dans l’obscurité. Deux colonnes Morris, sur leurs hauts cylindres colorés, annoncent les spectacles du moment.

Antonio de La Gandara, d’origine hispano-mexicaine par son père et française par sa mère, grandit à Paris. Ancien élève d’Alexandre Cabanel et de Jean-Léon Gérôme, il participe au Salon pour la première fois à l’âge de vingt-et-un ans. Proche du comte Robert de Montesquiou, dont il fera un portrait célèbre, Antonio de La Gandara mène une vie mondaine à l’image de ses modèles. Portraitiste attitré de la bonne société parisienne depuis le milieu des années 1880, il reçoit dans son atelier la baronne de Rothschild, la comtesse Greffulhe, et Anna de Noailles. Le soir venu, l’artiste fréquente l’opéra où il retrouve sa clientèle fortunée mais plus tard encore se perd dans les cabarets de Montmartre avec ses amis peintres et chansonniers.

Lorsqu’en 1892 Antonio de La Gandara prépare sa pro- chaine exposition à la galerie Durand-Ruel, il réunit autour de ses grands portraits une série de petits formats représentant des vues de Paris au pastel. Cette technique dans laquelle il excelle lui permet de retranscrire avec subtilité l’ambiance de ces heures où silhouettes et ombres se confondent sous les réverbères. Les œuvres de cette série ne sont pas sans rappeler les vues nocturnes du Belge William Degouve de Nuncques qui à la même époque présente ses premières vues nocturnes. Au sortir de l’exposition qui débute à l’hiver 1893, le critique Alphonse de Calonne écrit au sujet de cette série : Ce sont des vues de Paris, et particulièrement du boulevard, essais de jour et de nuit, luttes entre le gaz et la lumière électrique…

Nous remercions Monsieur Xavier Mathieu d’avoir confirmé l’authenticité de cette œuvre qui sera ajoutée au catalogue raisonné en cours de préparation, sous le numéro 291.

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