Alfons MUCHA (1860-1939)

Le Songe de la fillette, vers 1895-1900
Crayon sur papier
19 x 14 cm (à vue)
Signé en bas à droite Mucha
Présence au verso de diverses études 

Vendu

Artiste tchèque, Alfons Mucha est l’un des principaux représentants de l’esthétique Art nouveau en France et en Europe. Né en 1860 en Moravie, Mucha se forme à Vienne puis à Munich avant d’arriver à Paris en 1888. Tout en suivant les cours de l’Académie Julian, il travaille comme illustrateur pour de nombreux journaux avant de connaître la célébrité en 1894. Cette année-là, il conçoit l’affiche pour la pièce Gismonda dont l’actrice Sarah Bernhardt tient le rôle-titre. Son style élégant et déjà affirmé lui vaut un succès public immédiat. À partir de 1896, Mucha signe un contrat avec l’imprimeur Ferdinand Champenois et participe régulièrement au Salon des Cent. Organisé par Léon Deschamps dans le hall de la revue La Plume, ce salon participe à la reconnaissance de l’art de l’estampe dans les dernières années du XIXe siècle. Mucha y expose ses créations aux côtés d’artistes tels que Henri de Toulouse-Lautrec, Eugène Grasset et James Ensor. 

L’activité d’affichiste et d’illustrateur d’Alfons Mucha fait trop souvent oublier les autres aspects de son talent. Peintre, dessinateur, sculpteur et décorateur, il conçoit également des costumes pour le théâtre et dessine de nombreux bijoux et objets d’art. Ses origines tchèques teintent ses œuvres les plus intimes d’une aura mystique qui puise son vocabulaire dans les traditions populaires slaves. Des figures aussi nombreuses qu’étranges peuplent des compositions ambitieuses et saturées à l’image de L’Épopée slave, un cycle de peintures monumentales sur lequel il travaille de 1911 à 1928. 

Ce principe se retrouve également dans une composition de petit format, tracée au crayon. La feuille, non datée, représente une jeune fille assise et visiblement endormie. Vêtue d’un costume traditionnel, l’enfant est entourée par une douzaine de figures. Si l’une d’elle paraît s’approcher dans une attitude protectrice et bienveillante en posant la main sur son épaule, les autres, plus inquiétantes, semblent s’échapper d’un songe. Des visages d’hommes, de femmes et d’enfants forment un cortège de masques qui évoque les œuvres tourmentées du peintre James Ensor. Dans la partie supérieure, la composition est complétée par un entrelacs de traits au crayon, préparatoire à un motif décoratif en devenir. Le sujet occupe la partie droite d’une feuille horizontale dont le verso montre plusieurs études de visages aux caractères marqués. La figure de jeune fille s’y retrouve isolée sur la gauche, installée sur un trône dont le style Art nouveau évoque les recherches pour certains bijoux de l’artiste. Associé à l’influence probable d’Ensor, ce détail ne permet pas d’envisager une datation antérieure à 1895. En outre, il est possible que le modèle de la jeune fille, bien qu’inversé, soit le même que celui de l’enfant dans La Madone aux lys, une toile commandée à Mucha en 1902 pour une église dédiée à la Vierge à Jérusalem.


Retour en haut