Georges CLAIRIN (1843-1919)

Vendu

Morceaux d’épaves en Bretagne, vers 1866-1870
Aquarelle et gouache sur papier
51,5 x 33,5 cm
Signé en bas à gauche G. Clairin

Vendu

Georges Clairin passe son enfance à Paris dans le quartier des Invalides et rencontre très jeune le peintre Romain Cazes, un ancien élève d’Ingres qui lui donne ses premières leçons de dessin. Son père, entrepreneur de travaux publics, le soutient dans ses choix de carrière et lui présente Paul Huet, un célèbre paysagiste qui est l’un de ses amis. Ce dernier, proche de Delacroix, lui parle du grand peintre romantique. En 1906, Clairin racontera à André Beaunier dans Les Souvenirs d’un peintre : « […] deux cultes s’offraient à moi et se disputaient ma piété : à Paris entre les quatre murs de l’atelier de Romain Cazes, le culte d’Ingres ; à la campagne, dans la liberté de la nature et des vacances le culte d’Eugène Delacroix». En 1861, Georges Clairin intègre à l’École des Beaux-Arts de Paris les ateliers d’Isidore Pils et de François Édouard Picot, où il fait la connaissance d’Henri Regnault avec lequel il se lie d’amitié. 

Au milieu des années 1860, Georges Clairin fait un premier séjour en Bretagne où il accompagne son père alors chargé de construire un pont ferroviaire près du village de Plogoff.  « C’était une grande chose imposante et lugubre, que ce pays. J’en ai subi le charme farouche… Quand je revins à Paris, je racontai aux camarades ce voyage, je leur vantai la pointe du Raz ; bref, aux vacances, je les entrainai. Nous sommes tous partis pour la Bretagne, bons bohémiens avides de beaux paysages ». Les compagnons dont parle Clairin sont les peintres Regnault, Philippoteaux fils et Butin mais également le jeune Camille Saint-Saëns. Ensemble, ils visitent Quimper, Douarnenez, Tréboul et d’autres lieux dans lesquels ils ne reçoivent pas toujours le meilleur accueil. Dans ses souvenirs, Clairin évoque une ambiance mystique entre dévotion chrétienne et sorcellerie. Avec ses amis, il profite de chaque instant d’arrêt pour dessiner les paysages bretons et leurs habitants. Déjà, la mer le fascine. La vision des brûleuses de varech et les pilleurs d’épaves de la baie des Trépassés lui inspirent deux de ses premières toiles pour le Salon de 1868. 

Une grande aquarelle, probablement réalisée à l’occasion de l’un de ses périples bretons, représente des morceaux d’épaves abandonnés sur un quai. Entassés les uns sur les autres, ancres, cordages, bouts de bois et de ferraille, s’étalent sur la terre battue. Derrière une retenue de pierre dépassent deux mâts qui signalent la présence de l’eau en dehors du cadre. À l’arrière-plan, le toit de chaume d’une maison et des collines verdoyantes évoquent la Bretagne. L’œuvre, par son cadrage et sa perspective forcée, parvient à être inquiétante. Un élément en fer rougi qui évoque des cornes au premier plan et la présence d’une fourche mêlée aux agrès de marine, confèrent une étrangeté supplémentaire à l’ensemble de la composition.