Edmond HOYOIS (1882-1981)
Regard rétrospectif, vers 1920-1930
Pastel sur papier
50,5 x 35 cm
Signé en haut à gauche Hoyois Ed
Titré le long du bord gauche REGARD RETROSPECTIF
Vendu
Edmond-Alphonse-Joseph Hoyois est un artiste aussi mystérieux que ses œuvres peuvent être déroutantes. Les rares mentions le concernant le disent peintre et sculpteur. Nous ne connaissons pourtant de lui que des pastels. Ses modèles exclusifs, les chats, apparaissent dans son œuvre de façon monomaniaque. Edmond Hoyois est né le 1er avril 1882 à La Couture dans le Pas-de-Calais. Âgé de trente-deux ans à la déclaration de guerre, il prend part aux combats et reçoit une médaille en 1918. En 1925, il est récompensé à l’Exposition des Arts décoratifs et se marie l’année suivante avec Zélie Vivet, une crémière de Montmartre. À cette époque, il n’hésite pas à publier des encarts dans les journaux pour proposer ses services. Il se présente alors comme artisan, peintre et sculpteur. Lauréat du Salon des artistes anciens combattants, il travaille dans son atelier du numéro 45 de la rue des Poissonniers dans le 18e arrondissement de Paris.
En 1929, l’un de ses pastels de chat est exposé au Salon des humoristes sous le titre À beau chat…belle queue. Cette œuvre n’ayant pas été localisée pour l’instant, seuls son titre et son lieu d’exposition permettent d’en imaginer, non sans sourire, la possible composition. Ce n’est pas le cas pour un autre pastel intitulé assez hermétiquement Regard rétrospectif. Sa simple mention dans un inventaire pourrait passer inaperçue, mais directement inscrit en noir sur le côté gauche de la feuille, le texte éclaire son sujet. Placée au centre de la page, la silhouette d’un chat siamois au pelage noir et crème se détache sur un fond blanc sans perspective. Comme s’il avait senti notre présence, l’animal vient de s’arrêter et tourne la tête vers nous. Son œil bleu nous interroge le temps que notre propre regard comprenne la situation. Pendant quelques secondes, ce chat que nous venons de surprendre possède deux oreilles et deux yeux, puis lentement la deuxième oreille se révèle être la queue de l’animal qui nous tourne le dos, et le deuxième œil un orifice bien nécessaire. Véritable jeu visuel plein d’humour, cette œuvre réalisée pendant l’apogée du surréalisme est également marquée du goût de l’auteur pour les arts décoratifs. Le titre inscrit de haut en bas en lettres d’imprimerie, associé au travail schématique du dessin de l’animal, évoque le travail des affichistes du courant Art déco des années 1920.
Hoyois, qui demeure avant tout un pastelliste animalier, publie en 1950 un recueil de cinq de ses poèmes sous le titre de Je me suis donné. N’ayant jamais quitté sa maison-atelier de la rue des Poissonniers, l’artiste s’éteint le 22 mai 1981 à l’âge vénérable de quatre-vingt-dix-neuf ans. Ses œuvres, qui réapparaissent au gré des ventes aux enchères et des catalogues de galeries, n’ont jusque-là été étudiées qu’individuellement. Elles mériteraient une analyse d’ensemble plus approfondie pour rendre à son travail une juste place dans l’art du XXe siècle.