François Marius GRANET (1775-1849)

Le Chapitre de l’ordre du Temple, vers 1842-1844
Aquarelle et encre sur traits de crayon sur papier
19 x 32,5 cm
Signé en bas à droite sur le montage Granet
Annoté sur le montage Chapitre de l’ordre du Temple tenu à Paris sous le magistère de Robert-le-Bourguignon (1147). / Cent trente chevaliers le Pape Eugène III à leur tête s’assemblent pour s’occuper des affaires d’Orient. Louis VII assista à ce Chapitre avec / plusieurs prélats et seigneurs.

Acquisition par le château de Versailles

Après avoir accédé au trône suite à la Révolution de 1830, Louis-Philippe décide de transformer le château de Versailles en musée dédié « à toutes les gloires de la France ». La nouvelle institution, qui devra être accessible au plus grand nombre, a un but politique : réconcilier les Français grâce à leur histoire nationale. En 1833, le roi fait appel au peintre François Marius Granet pour diriger ce projet. Conservateur des musées royaux depuis 1824, il choisit les œuvres et organise leur disposition jusqu’à l’inauguration des galeries historiques le 10 juin 1837, commencée dans la galerie des Batailles. Très tôt, le souverain souhaite que les croisades soient évoquées dans un espace dédié et lance une seconde campagne d’aménagement, confiée à l’architecte Frédéric Nepveu, dans le rez-de-jardin du pavillon central de l’aile du Nord. Un don fait par le sultan Mahmoud II en 1836 permet de financer ce projet. Composées de cinq nouveaux espaces devant abriter plus d’une centaine de toiles intégrées dans les boiseries, les salles des croisades évoquent les épisodes marquants des huit principales croisades qui eurent lieu entre la fin du XIe et la fin du XIIIe siècles. Granet, une nouvelle fois chargé de diriger la mise en place de ce projet, fait appel à de nombreux artistes parmi lesquels Delacroix, Signol ou Schnetz. 

En plus de ses fonctions de conservateur, Granet reçoit en 1842 plusieurs commandes du roi, dont une toile devant illustrer un épisode de la deuxième croisade. Le 27 avril 1147, se tint à Paris le chapitre général de l’ordre du Temple. Le roi des Francs, Louis VII le Jeune, qui souhaite partir en Terre sainte pour expier ses péchés, réunit autour de lui les Templiers, leur maître Robert le Bourguignon et le pape Eugène III. Après de longs débats, ils décidèrent ensemble de participer à la deuxième croisade. 

François Marius Granet réalise au moins deux grandes aquarelles pour déterminer sa composition. Dans la première, conservée au Louvre, il choisit de représenter le pape, le roi et leurs suivants, installés de profil sous une large voûte ouverte de trois arcades. Pour accueillir la scène, le peintre est obligé d’inventer l’architecture de ce lieu détruit depuis longtemps en s’inspirant d’édifices médiévaux croisés durant ses voyages. La seconde aquarelle sur le sujet, jusqu’alors inédite, présente une composition beaucoup plus proche de celle de la toile définitive. Sur un format horizontal, elle représente une large salle d’inspiration romano-byzantine composée d’une nef et de deux travées séparées par des colonnes. Vu de face, au centre, sous une voûte en cul-de-four, un autel surmonté d’un fronton est entouré de trônes où siègent le pape et le roi. Sur la gauche, depuis une chaire surélevée, un orateur parle aux Templiers répartis de part et d’autre d’un espace central laissé libre. Granet a précisé à l’encre sous l’aquarelle l’intitulé précis de son sujet. Achevé en 1844 et exposé au Salon de 1845, le tableau montre quelques différences dans les détails mais respecte globalement la composition choisie dans cette seconde aquarelle.