Charles-Marie BOUTON (1781-1853)
Ruines gothiques inondées, vers 1825-1830
Aquarelle
18,6 x 14,4 cm
Signé en haut à gauche Bouton
Vendu
Charles-Marie Bouton revendiquait n’avoir jamais eu de maître, même si plusieurs de ses biographes le disent élève de Jacques-Louis David et de Jean-Victor Bertin. Son style, proche de celui de François-Marius Granet et d’Auguste de Forbin, marque également l’influence lyonnaise des premiers troubadours tels que Pierre Révoil et Fleury-Richard. Comme de nombreux peintres de son temps, Bouton fut fasciné par le musée des Monuments français créé par Alexandre Lenoir en 1795. Il choisit d’exposer une vue de La Salle des sculptures du XIVe siècle au musée des Monuments français pour l’une de ses premières participations au Salon en 1812. Cette œuvre fut achetée par Joséphine de Beauharnais pour le château de Malmaison. À partir de 1822, Charles-Marie Bouton s’associe à Louis Daguerre pour la création du diorama. Constitué de gigantesques toiles translucides peintes, le procédé pré- sente des paysages et des intérieurs d’églises ou de monuments dont l’aspect change en fonction de la lumière. Appelé polyorama panoptique par ses inventeurs, il connaît un très vif succès public. La collaboration avec Daguerre influence la production de Bouton, qui délaisse la précision au pro t de l’effet, à la manière du diorama.
Sous les voûtes d’une architecture gothique abandonnée, une figure assise de dos et vêtue de rouge s’est installée au pied d’une colonne, sur les restes d’un dallage effondré. Elle surplombe une vaste étendue d’eau qui a envahi les lieux. Dans le fond, baignée d’une lumière bleutée, une salle ou- verte par deux ogives laisse apparaître plusieurs silhouettes alors que sur la droite, l’eau s’échappe encore en jets depuis l’un des piliers et alimente le bassin. L’ensemble, éclairé par une lumière diffuse venue de la gauche du bâtiment, nous plonge dans un lieu irréel d’inspiration médiévale. Véritable décor pour un conte fantastique, l’œuvre ne raconte aucune histoire et n’offre aucune clef au spectateur. Celui-ci, à l’image du personnage assis au premier plan, ne peut que contempler l’endroit, interdit, et laisser libre court à son imagination.
Tout en se consacrant avec Daguerre au diorama, Bouton participe régulièrement au Salon. Ses œuvres, telles que décrites dans les livrets, permettent quelquefois d’identifier un lieu ou une région mais sont le plus souvent issues de l’imaginaire gothique du peintre. Les artistes sous la Restauration en France empruntent à la mode anglo-saxonne une interprétation du goût troubadour dans ce qu’il a de plus fantastique : un monde de ruines des temps passés, d’où monstres et chimères s’échappent pour hanter les rois et chevaliers d’une époque réinventée.