Dominique-Vivant DENON (1747-1825)

Vendu

Mère et ses deux enfants, vers 1800
Gouache et aquarelle sur papier
9,5 x 10,5 cm
Bibliographie : S. Laveissière, « Denon et Prud’hon : rencontres sur papier bleu », dans Denon, la plume et le crayon : Denon et les écrivains-artistes au XVIIIe siècle. Journées d’études, 19-20 novembre 2010, Chalon-sur-Saône, éd. Matthieu Pinette, Juliette Barbarin, Marseille, éd. Le bec en l’air, 2011, p. 28-35

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Le baron Dominique-Vivant de Non fut tout à la fois écrivain, voyageur, archéologue, diplomate, homme politique et artiste. Issu de la petite noblesse, il est né dans une riche famille de Chalon-sur-Saône. À vingt ans, le jeune Bourguignon débute des études de droit à Paris tout en s’initiant à la gravure et au dessin auprès des peintres Noël Hallé et François Boucher. À Versailles, il sait rapidement se faire une place à la cour et fort de ses appuis, entame une carrière de diplomate. En 1777, il est nommé à l’ambassade de Naples et découvre l’Italie. Il visite Rome, Pompéi, Herculanum, la Sicile et Malte, pro tant de ses voyages pour dessiner. Sur ses carnets, il copie les maîtres et trace les façades des églises et des temples qu’il croise sur sa route. Forcé à la démission pour des raisons politiques, il regagne Paris en 1785 et abandonne la carrière diplomatique. Il se consacre dès lors à la gravure et entre à l’Académie royale de peinture et de sculpture en tant que « graveur et artiste de divers talents ».

L’œuvre graphique de Vivant Denon est majoritairement constituée de gravures : 317 précisément selon le catalogue qu’il rédigera lui-même en 1807. De sa main, nous connais- sons également un petit nombre de dessins, principalement à la plume et plus rarement au crayon. Une série d’études sur papier bleu, autrefois attribuées à Pierre-Paul Prud’hon, viennent compléter aujourd’hui ce corpus. Mère et ses deux enfants, une petite gouache, trahit indéniablement l’influence de Prud’hon. Cette scène intimiste est un rare exemple d’œuvre en couleur réalisée par Denon. Devant l’âtre d’une cheminée, une femme tient sur ses genoux un bébé. Auprès d’eux, un enfant vêtu d’une chemise blanche se tient à genoux, les mains jointes, tel Jean-Baptiste aux pieds de la Vierge et de l’Enfant Jésus. Un landau sur la droite complète la scène. Costumes et accessoires restituent la scène dans une époque contemporaine et excluent le prétexte religieux. Au revers, l’artiste a esquissé de la pointe d’un bâton de pierre noire trois petits groupes de personnages. Malgré son format réduit, cette gouache apparaît comme une œuvre achevée, à l’exécution raffinée. Le musée des Beaux-Arts d’Orléans conserve un autre dessin tracé au crayon noir et à la craie blanche dont la composition en miroir est préparatoire à cette Mère et ses deux enfants.

Nommé directeur des musées nationaux en 1802, Vivant Denon délaissera peu à peu sa pratique pour se consacrer pleinement à ses tâches administratives. Personnalité do- minante de la culture sous l’Empire, il se servira de son influence pour protéger de nombreux artistes dont Pierre-Paul Prud’hon. Ce dessin d’une grande tendresse atteste de l’influence de ce dernier sur l’auteur.