François REYNAUD (1825-1909)

Vendu

Baïardo, 8 septembre 1901
Huile sur toile
40,5 x 32,5 cm
Signé et daté en bas à droite F. Reynaud .1.
Titré au revers Baïardo 8-9-1

Vendu

Bajardo est un village de Ligurie situé sur un promontoire rocheux à 900m d’altitude et à vingt-trois kilomètres de Vintimille au nord-ouest de l’Italie. Le matin du 23 février 1887, jour du mercredi des Cendres, toute la population des alentours s’était réunie dans l’église Saint-Nicolas pour les célébrations. L’édifice de style roman, qui avait été richement décoré de placage de marbre polychrome à l’époque baroque, accueillait ce jour-là plus de six cent cinquante fidèles. Soudain, un bruit puis de fortes secousses firent s’effondrer la voûte du bâtiment. Deux cent vingt personnes trouvèrent la mort et il fallut plusieurs jours pour sortir les corps de sous les décombres. Ce séisme qui frappa violemment la côte ligure et dans une moindre mesure la Côte d’Azur, fut ressenti de Montpellier à Venise et de Bâle jusqu’au sud de Rome. Il fut décidé de ne pas restaurer l’église en souvenir des victimes et d’en construire une nouvelle ailleurs dans le village. La presse se fit largement l’écho de la catastrophe bien au-delà des frontières italiennes et lorsque quatorze ans plus tard, au mois d’août 1901, le peintre d’origine marseillaise François Reynaud traversa la région, il dévia de sa route et arpenta les hauts chemins qui menaient jusqu’à Bajardo pour découvrir les ruines. Pénétrant à l’intérieur de l’enceinte de l’église, il s’installa au milieu de la végétation qui avait petit à petit envahi le sol de la nef sans couverture. Il saisit une feuille de papier et de la pointe d’un crayon tenta de retranscrire l’étrange impression que dégageaient ces chapelles, garnies de marbre rose et de colonnes torses, laissées à l’abandon. Un mois plus tard, de retour dans son atelier, à l’aide de son croquis fait sur le motif, il put mettre en couleur son souvenir sur la toile. Un aplat bleu sans nuages couvre l’édifice dont les restes de la voûte éventrée ne font plus leur office. Une allée de terre au centre, épargnée par les hautes herbes, témoigne de la fréquentation encore régulière des lieux par des visiteurs de passage ou des habitants du village venus rendre hommage aux victimes. L’esthétique des ruines antiques et médiévales, très appréciée des peintres traversant l’Italie depuis le XVIIIe siècle, laisse ici la place à celle d’une ruine moderne dont la charge émotionnelle dépasse celle du simple temps qui passe. François Reynaud n’est plus un jeune peintre lorsqu’il réalise cette peinture. Formé à l’école des Beaux-Arts de Marseille par Augustin Aubert et Émile Loubon, deux paysagistes provençaux, il n’a plus à faire la preuve de son talent. Il participe depuis 1848 aux salons parisiens et ses vues de Naples, ville où il fit de nombreux séjours, lui ont assuré depuis longtemps un public fidèle. Ses œuvres sont visibles aujourd’hui dans les différents musées de Marseille, sa ville d’origine, mais également à Roubaix, Pontoise, Rodez et à Paris au Louvre.