Évariste-Vital LUMINAIS (1821-1896)
Pâle étoile du soir…, vers 1852
Huile sur toile
25 x 33 cm
Signé en bas à gauche Ev. Luminais
Au revers : poème d’Alfred de Musset
Vendu
Évariste-Vital Luminais est né à Nantes en 1821. À dix-huit ans, il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Léon Cogniet puis fréquente Constant Troyon, paysagiste et peintre animalier, qui deviendra son véritable maître. Il débute rapidement au Salon en exposant plusieurs peintures aux sujets inspirés par sa région natale. Pour le Salon de 1852, il choisit justement deux sujets bretons : Pêcheurs de homards en Bretagne et Berger breton. Ces deux œuvres largement commentées par la critique valent au peintre sa première médaille. Edmond Goncourt décrit le second tableau en ces termes « Assis sur la berge, (…) un vieux pâtre de Tréguier (…) regarde longuement dans le lointain noir d’orage ses brebis blanches ». Aujourd’hui exposée au musée des beaux-arts de Quimper sous le titre du Pâtre de Kerlaz, cette œuvre d’assez grandes dimensions (85 x 115 cm) est à mettre en rapport avec une peinture plus réduite. Si le sujet en reste identique, sa mise en place est très différente. La figure monumentale du pâtre accompagné de son chien n’est ici plus qu’une ombre dominée par le paysage du soir. Divisée en plusieurs bandes horizontales, la composition s’organise de bas en haut : la mer dans laquelle se reflète les rochers, la lande verte et onduleuse coiffée de quelques arbres et le ciel dont les dernières lumières se couvrent de larges nuages noirs. Le peintre breton montre ici sa dette à Alexandre-Gabriel Decamps dont il adopte la technique sableuse. Associé par les critiques au mouvement réaliste, Luminais partage avec Gustave Courbet un goût pour une peinture épaisse qui accroche la lumière dans ses paysages. Au revers de son œuvre, le peintre a tenu à inscrire sur le châssis de bois les quelques lignes qui suivent : Pâle étoile du soir… / Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine, / Tandis que pas à pas son long troupeau le suit. Empruntés au poème A l’étoile du berger d’Alfred de Musset, ces quelques vers viennent compléter et titrer avec justesse la peinture de Luminais. La suite de la carrière de Luminais sera marquée par des œuvres aux sujets d’inspiration gauloise. Propre à illustrer les discours des manuels d’histoire, ce choix thématique vaudra au peintre des commandes régulières de l’État sous le Second Empire et la Troisième République. Aujourd’hui encore ses oeuvres dominent les cimaises des musées français. En 2002, le musée de Carcassonne a consacré une exposition, première grande rétrospective de l’œuvre d’Évariste-Vital Luminais.