Émile-Antoine BOURDELLE (1861-1929)
Portrait de Stéphanie Bourdelle assise, vers 1905
Huile sur toile
65,3 x 54 cm
Provenance : ancienne collection Stéphanie van Parys
Acquisition par le Musée Ingres-Bourdelle de Montauban
Originaire de Montauban, Émile-Antoine Bourdelle est le fils d’un ébéniste. Après une première formation à l’académie des beaux-arts de Toulouse, il intègre l’atelier d’Alexandre Falguière à Paris. Pour vivre, il fournit des dessins à la maison Goupil et travaille pour Théo Van Gogh, le frère de Vincent. Par la suite, il entre comme praticien dans l’atelier du sculpteur Auguste Rodin en 1893. À cette époque, Bourdelle se fait un nom comme peintre et surtout comme pastelliste. Il participe entre 1891 et 1898 au Salon de la Société nationale des beaux-arts en exposant des portraits peints ou dessinés. Un jour du début des années 1890, Stéphanie van Parys, employée du magazine Femina, se rend dans son atelier et lui commande un pastel. La jeune femme qui vient de se marier tombe amoureuse de Bourdelle. Le 21 avril 1901, leur idylle donne naissance à un fils, Pierre, que l’artiste ne reconnaîtra qu’en 1903. Le couple doit attendre le divorce de Stéphanie pour pouvoir se marier le 22 mars 1904. Plus que la mère de son fils, l’artiste épouse sa muse. Au tournant du siècle, elle lui sert de modèle pour la plupart de ses sculptures féminines, mais également pour plusieurs portraits. L’épouse du peintre est assise les mains jointes sur ses jambes repliées. Habillé d’une large robe bleue et d’un collier de perles, le modèle s’inscrit massivement au centre de la toile. Chaque coup de pinceau creuse la matière à la manière d’un ciseau entaillant le marbre et dégage la figure sur un fond brun terreux mouvementé. Le musée Bourdelle conserve plusieurs autres portraits de Stéphanie dont un, sur panneau, presque identique à celui-ci. Probablement exécutée vers 1905, cette peinture peut être également rapprochée de certaines sculptures de Bourdelle. Pour L’Offrande, réalisée la même année, Stéphanie porte une robe semblable. Elle pose également pour Pénélope et Femme sculpteur au repos qui marquent la fin de leur histoire d’amour. Ces deux œuvres mêlent les formes de sa femme aux traits aiguisés de Cléopâtre Sevastos, jeune élève grecque qui épousera le sculpteur quelques années plus tard. Vers 1910, Stéphanie et Bourdelle se séparent. Après leur divorce, elle conserve plusieurs portraits d’elle, peints ou sculptés par son ancien mari, dont celui-ci qui fut retrouvé dans son atelier il y a quelques années.