Frank Lewis EMANUEL (1865-1948)
Funeral of Victor Hugo, 1885
Mine graphite sur papier
16,5 x 10,5 cm
Titré, localisé et signé en haut à gauche :
Funeral of Victor Hugo – Bd Sebastopol Paris – Frank . L . Emanuel
Vendu
22 mai 1885 : Victor Hugo est mort. Depuis le 18 mai, l’homme illustre était affecté par une grave maladie et de la Présidence de la République aux ateliers des usines, de la Chambre des députés aux terrasses de cafés, on suivait les bulletins de santé que la presse publiait. Des obsèques nationales furent votées. Le lundi 1er juin le cortège s’ébranla. De la place de l’Étoile il descendit les Champs-Élysées, fendit la Concorde, rejoignit le boulevard Saint-Germain puis remonta le boulevard Saint-Michel avant d’entrer rue Soufflot. Enfin, on déposa Victor Hugo dans la crypte de l’église Sainte-Geneviève, qui devenait désormais le Panthéon. Environ deux millions de personnes convergèrent vers la montagne Sainte-Geneviève. Il est deux heures quand le corbillard parvient à la grille du Panthéon. Il y a tant de monde que des gens affluent jusqu’à six heures. La foule, des Parisiens mais aussi des gens venus de toute la France et de l’étranger, investit Paris pour une nuit de célébration. C’est à ce spectacle magnifique qu’assiste Frank Lewis Emanuel, jeune Anglais d’à peine vingt ans. Venu à Paris sur les conseils de son maître Alphonse Legros, artiste français installé à Londres depuis 1863, Emanuel fréquente l’Académie Julian où il reçoit l’enseignement de William Bouguereau. Lorsqu’il expose au Salon de Paris de 1886, il tient à mentionner le nom de ses deux maîtres, en y associant également celui du peintre Tony Robert-Fleury. Frank Lewis Emanuel se presse de fixer l’instant sur sa feuille, en hachurant la scène au crayon. Dans un cadrage presque photographique, le jeune homme, installé sur un balcon du boulevard de Sébastopol, évoque le retour de la foule dans ses faubourgs. L’œuvre permet de souligner la symétrie entre l’auteur et son sujet. D’une part, un jeune artiste anglais encore inconnu venant travailler en France et de l’autre le célèbre poète français disparu, qui vécut l’exil sur les îles anglo-normandes. Le regard de l’artiste affronte le soleil qui se couche derrière la tour Saint-Jacques et les dômes de la chapelle de la Sorbonne et du tribunal de Commerce, alors que sous ses pieds la foule s’amasse mouvante sur le boulevard. On ne sait pas très bien qui est le jeune homme, debout à droite ; mais peut-être est-ce Frank Lewis Emanuel lui-même dans un autoportrait projeté ? La composition du dessin évoque enfin la série des Balcons que peint Gustave Caillebotte à cette époque. Sans doute le jeune Britannique est-il influencé par l’artiste impressionniste et a-t-il à l’esprit certaines de ses compositions lorsqu’il choisit de croquer ses Funeral of Victor Hugo.