Gaston JOBBÉ-DUVAL (1856-1929)
Le Cormoran sur les rochers, vers 1895
Gouache et encre de chine sur papier
14,5 x 24 cm
Signé en bas à droite Jobbé-Duval Gaston
Vendu
Gaston Jobbé-Duval est l’héritier d’une véritable dynastie d’artistes rennais. Fils d’Auguste-Louis Jobbé-Duval, décorateur du Parlement de Bretagne, il est le cinquième d’une fratrie de six enfants. Ses deux frères aînés, Frédéric-Auguste et Auguste Henri, seront respectivement architecte et peintre alors que l’un de ses neveux, Félix-Pol, deviendra à la Belle Époque un illustrateur de renom. Après des études à l’école des Beaux-Arts de Rennes, Gaston suit l’enseignement du peintre paysagiste Karl Daubigny et débute au Salon en 1882 en présentant principalement des marines. Il cesse cependant ses participations aux expositions officielles après 1890 pour se consacrer à la lithographie. Affichiste recherché, il travaille pour différentes compagnies de chemins de fer et peut vanter par ses illustrations les hauts lieux de sa région natale : la Bretagne. Les côtes bretonnes s’éclairent, sous un ciel d’encre de chine, d’une lumière menaçante. L’écume chargée de gouache blanche vient frapper les rochers qui s’illuminent. Sur la gauche, la silhouette d’un cormoran domine les flots, immobile. L’oiseau assiste, comme nous, à l’œuvre spectaculaire de la nature. La nuit opère comme un rideau de scène d’où, par magie des effets, les éclairs traversent les nuages. La mer et les récifs s’entrechoquent dans un vacarme assourdissant qui pour nous reste silencieux. La technique utilisée par Gaston Jobbé-Duval est typique des œuvres préparatoires aux héliogravures d’illustrations. Le procédé utilisé par de nombreux peintres à partir des années 1870 permet, grâce à la photographie, de transférer une image peinte en noir et blanc sur une matrice pour des tirages en grand nombre. Le peintre et l’illustrateur peuvent dès lors se passer du talent du graveur, dont le travail d’orfèvre est remplacé par le transfert purement mécanique du sujet sans interprétation. Probablement destinée à orner un ouvrage (non identifié), cette maquette rivalise de puissance avec les œuvres des plus grands peintres de marine tels Joseph Vernet ou Eugène Isabey.