Jean-Charles GESLIN (1814-1885)
Vue prise dans le Forum romain (Campo Vaccino), au pied de l’arc de Septime Sévère ; effet de clair de lune, 1845
Huile sur toile
58 x 40 cm
Signé du monogramme et daté en bas à gauche G – 1845
Contresigné et dédicacé au revers Hommage à mon ami Albert Barre
Exposition : Paris, Salon de 1846, n° 754
Vendu
Jean-Charles Geslin entre à l’École des Beaux-Arts en 1830 alors qu’il n’a que quinze ans. Ses premiers professeurs parviennent à convaincre ses parents de l’inscrire en architecture alors que lui-même est plus attiré par la peinture. Après avoir fait la preuve de son assiduité durant les deux années passées dans l’atelier de l’architecte Félix Callet, il intègre selon ses désirs celui du peintre François-Édouard Picot. Tout en poursuivant sa formation de peintre, il développe une véritable passion pour l’archéologie. Il expose pour la première fois au Salon de 1841, une Vue intérieure de la basilique de Saint-Denis, puis abandonne l’année suivante ses études académiques pour se rendre en Italie.
Durant son voyage, Geslin parcourt la péninsule. Il réside longtemps à Rome où il peint plusieurs vues du Forum, du Colisée et de la campagne romaine, puis se dirige vers Naples et Pompéi où il reste plus de neuf mois. Sa passion pour l’archéologie le pousse en priorité à saisir sur le papier les sites antiques. À Paestum, il fait plusieurs découvertes inédites qui seront publiées dès son retour en France. Atteint de paludisme, il écourte son voyage après trois ans de travail acharné. Il rapporte de son séjour un grand nombre d’aquarelles et plusieurs peintures, dont une première Vue du Forum romain qu’il expose au Salon de 1845. La Vue prise dans le Forum romain, au pied de l’arc de Septime Sévère, qu’il expose au Salon suivant, est sous-titrée « effet de clair de lune ». Le cadrage vertical laisse une large place au ciel nocturne. Le regard du spectateur doit mettre un certain temps, comme celui du peintre dans l’obscurité du site, pour apercevoir les étoiles qui constellent la surface bleu foncé de la voûte céleste. Si l’on insiste encore un peu plus longtemps, au premier plan sur la gauche, une chouette et un hibou, installés sur les ruines, émergent de l’obscurité à leur tour. Les connaissances architecturales du peintre lui permettent de combiner une restitution scrupuleuse des monuments savamment détaillés avec une vision encore profondément romantique de la Ville éternelle.
Geslin reçut plusieurs commandes officielles, tant pour des peintures que pour des décors du fait de sa double formation. Certaines furent annulées à la suite des événements de 1848, et d’autres détruites pendant les incendies des Tuileries et de l’Hôtel de Ville en 1871. Sous le Second Empire, reconnu davantage comme savant que comme artiste, il emploie son temps à l’étude de l’archéologie et participe à la mise en place de la collection Campana au Louvre.