Nicolas-René JOLLAIN (1732-1804)
Orphée et Eurydice aux Enfers, vers 1770-1775
Huile sur papier
47,5 x 34,5 cm
Vendu
Nicolas-René Jollain, dit le Jeune, est issu d’une famille d’artistes. De son père (ou grand-père), nous connaissons un portrait de Louis XIV assis présentant les plans de la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr, œuvre actuellement conservée dans les collections du château de Versailles. Dès son plus jeune âge, il se forme dans l’atelier familial avant d’intégrer celui du peintre Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789) avec qui il tissera des liens d’amitié. En 1754, le jeune Jollain remporte le second grand Prix de Rome derrière Jean-Pierre Chardin, fils du célèbre peintre de natures mortes. Il est admis à l’Académie en 1773 après avoir été agréé en 1765. Pour le Petit Trianon à Versailles, il reçoit en 1769 la commande prestigieuse d’une paire de dessus-de-porte. Toujours en place, ces peintures illustrent respectivement Hyacinthe changé en fleur et Clytie changée en tournesol. Orphée et Eurydice aux Enfers est une œuvre récemment dé- couverte.
Réalisée à l’huile sur papier, elle ne semble pas avoir donné lieu à une œuvre de grand format sur toile. Cependant, le sujet n’est pas inédit dans la production de l’artiste. Un dessin à la sanguine, offert en 2016 à l’École des BeauxArts de Paris, illustre le couple mythique dans un épisode qui précède directement la scène de cette peinture. On peut y voir Orphée, le poète et musicien, levant les bras d’effroi vers le ciel à la découverte de sa femme mortellement piquée par un serpent. Eurydice, allongée au pied d’un arbre, est entourée par ses sœurs les Dryades. L’ambiance de la peinture est très différente : plongé dans l’obscurité, le couple est dominé par une Furie qui s’apprête à enlever Eurydice pour la conduire aux Enfers. Sur la gauche, une ouverture dans la roche permet d’observer Charon, sur sa barque, guidant les âmes. Si la figure d’Eurydice peut être rapprochée de celle de Clytie dans la peinture du Petit Trianon, Orphée découle davantage de l’image de Hyacinthe. Dans cette figure on observe une nette référence aux morphologies de son maître, Jean-Baptiste Marie Pierre.
En 1781, Jollain expose au Salon L’Humanité voulant arrêter la fureur du démon de la guerre. Cette œuvre dont le sujet reflète les idées des Lumières est saluée par la critique. Comme dans Orphée et Eurydice, les figures principales aux chairs ocrées se détachent sur un fond sombre d’où émergent des flammes rougeoyantes. L’allégorie de la fureur possède une musculature torsadée proche de celle d’Orphée et le bras tendu de la figure féminine reprend le geste d’Eurydice.